12 YEARS A SLAVE
New York, 1841. Solomon Northup, un jeune afro-américain, est kidnappé et réduit à travailler comme esclave dans des champs de coton en Louisiane. Son calvaire durera près de 12 ans.
Solomon Unchained
Après le remarquable Shame, qui fut l’un des films majeurs de l’année 2011, Steve McQueen a choisi de se pencher sur le thème de l’esclavagisme du point de vue des esclaves avec 12 years a slave, adapté du livre de Solomon Northup racontant son sort de jeune afro-américain kidnappé et séparé des siens alors qu’il était un homme libre.
Sujet fort et pourtant très peu traité de ce point de vue, le film raconte l’histoire vraie de Solomon que Chiwetel Ejiofor incarne à l’écran. Si l’on retrouve cette maîtrise dans la mise en scène digne de ses deux précédents longs-métrages, on regrette que ce 12 years a slave soit plus académique que les précédents. Le spectateur a l’impression d’assister à une leçon d’histoire dispensée avec insistance et sans grande subtilité. Tout parait un peu trop appuyé dans ce récit déjà révoltant, neutralisant ainsi l’émotion et l’effroi suscitées par les sorts de ces pauvres Solomon et Patsey. De ce fait, le message passe mais le film ne touche pas autant qu’il aurait pu le faire.
Les acteurs en revanche, à l’exception de Adepero Oduye qui est particulièrement mauvaise, sont tous impeccables et livrent une performance haut de gamme. On retiendra inévitablement les deux têtes d’affiche, présentes cette semaine à Paris pour présenter le film au public français en compagnie du réalisateur, Chiwetel Ejiofor et Lupita Nyong’o, très justes dans leur retenue qui évite les effusions lacrymales. Côté seconds rôles, Michael Fassbender (qui travaille pour la 3e fois sous la direction de son ami Steve McQueen) est tout bonnement excellent. Quand beaucoup seraient tombés dans l’excès ou la caricature pour interpréter cet esclavagiste alcoolique et colérique, l’acteur irlandais s’illustre avec une interprétation parfaite du salopard absolu qui devrait légitimement lui offrir une nomination pour le meilleur acteur dans un second rôle. Brad Pitt, Paul Dano et Benedict Cumberbatch complètent ce casting avec justesse et charisme.
Si 12 years a slave n’est pas le chef d’oeuvre annoncé partout et que certaines nominations et récompenses seront forcément un peu généreuses du fait du sujet traité, ce troisième long-métrage confirme le talent d’un cinéaste, engagé et sûr de son art, qui allie violence et cérébralité. S’il ne s’agit pas de son film le plus réussi, il s’agit en revanche d’un long-métrage nécessaire et maîtrisé. Il parait alors évident que celui-ci sera aux centres des conversations et des attentions début 2014 avec sa sortie française et la saison des récompenses. Ce ne sera pas forcément usurpé.
MAJ : 12 years a slave a décroché le Golden Globe du Meilleur film dramatique et l’Oscar du meilleur film (Lupita Nyong’o recevant celui de meilleur second rôle féminin).
La ficheBLACK COAL
Réalisé par Steve McQueen
Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Lupita Nyong’o, Benedict Cumberbatch, Brad Pitt
Etats-Unis – Biopic, Drame, Historique
22 janvier 2014
Durée : 135 min
»Si 12 years a slave n’est pas le chef d’oeuvre annoncé partout et que certaines nominations et récompenses seront forcément un peu généreuses du fait du sujet traité »
est que vous pouvez développé? , je n’ai pas très bien compris…
J’entends par là que le sujet plaira à l’Académie des Oscars qui est friande des sujets sur la rédemption, à l’image des récompenses obtenues par LA COULEUR DES SENTIMENTS et d’autres métrages qui donnent bonne conscience à certains américains.
J’espère que c’est plus clair 🙂
Je ne suis pas sur que ’12 years a slave’ soit à mettre au même niveau que ‘la couleur des sentiment’.
Manifestement beaucoup plus difficile à financer, par comparaison je ne suis pas sur qu’un film traitant de l’esclavage par la France sois plus facile à monter.
il y a des films qui donne conscience (DJANGO UNCHAINED), il ya aussi ceux qui dénoncent.
Plutôt d’accord, très beau film, forcément inattaquable avec son sujet rassembleur, mais un côté marmoréen qui le dessert un peu. En même temps, McQueen évite tout sentimentalisme et tout manichéisme, et ça, ça fait du bien.
PS : dis donc, t’étais à la séance de lundi finalement ?!
Bonsoir, j’irai voir ce film dès sa sortie car je n’ai lu que du bien et puis j’avais été conquise par Hunger et Shame qui ne sont pas des films faciles ni aimables. Bonne soirée.
Un de mes films preferes de 2013, et pour moi le meilleur film realise sur l’esclavage. Il est vrai que McQueen a parfois la main lourde, mais difficile de faire autrement avec un sujet aussi grave.
Je me demande vraiment qui remportera l’Oscar du meilleur film : le feel-good « American Hustle » ou l’accusateur « 12 Years A Slave » ? En ce moment je parie plutot sur ce dernier mais rien n’est joue.
Pour ma part « 12 years a slave » est un chef d’oeuvre. La force de ce film est de montrer l’esclavage des noirs avec une vision très réaliste et non pas édulcorée comme dans d’autres films. S’il peut participer à la prise de conscience de ce fait historique révoltant il est alors un chef d’oeuvre!
12 years a slave n’est pas un film sur la rédemption. Le thème est précisément inverse : ici, pas de pardon ni remord. Le film insiste plus sur la perte de liberté que le contraire.
Et je doute que le film donne bonne conscience à qui que ce soi…
A part quelques réserves sur la narration, j’ai beaucoup aimé ce film. En grande partie pour le casting que je trouve vraiment excellent.
Là ok, par le chef d’oeuvre annoncé, mais qui aurait gagné si seulement McQueen n’avait pas été vers le commercial et l’abordable… Mais ça reste un beau et bon film … 3/4
[…] aux côtés de la talentueuse Julianne Moore et de la récemment oscarisée Lupita Nyong’o (12 years a slave). Un casting prometteur et un pitch classique mais éventuellement propice à quelques bonnes […]
Si il ne se contente, pour la plupart, que de donner un portrait réaliste de l’esclavagisme, 12 Years A Slave n’en est pas moins un film utile, qui pousse à la réflexion.
Sans fioritures, on se retrouve face à cette réalité (pas si) révolue et révoltante.
Là où le film a raté son but, c’est qu’on n’arrive pas réellement à se transposer dans l’esprit de ses personnages. Certainement pas la faute de ses acteurs, car le film dispose d’un casting tout bonnement fantastique, mais plutôt à cause de l’absence de réelle narration. On se retrouve spectateur devant cette horreur et cela reste malgré tout dommage.
J’attends encore le film qui réussira à me faire m’identifier à un esclave, à ressentir les coups, plus encore la haine gratuite et l’acharnement incompréhensible de ces hommes, si on peut les qualifier de la sorte.
Ici, malgré que le film ait réussi à me donner des frissons face à tant d’inhumanité, il n’a pas réussi à me donner le ressenti de Solomon.
Pour moi, il mérite un 8/10
Je rejoins cette analyse. Je trouve effectivement que formellement il n’y a pas grand chose à reprocher au film et les comédiens sont très bons. Malheureusement, comme vous le dites, il y a une froideur narrative qui fait que l’on reste un peu trop à distance. Est-ce du fait de l’académisme de ce long-métrage qui empêche l’empathie de naître ?
Concernant la note, 8/10 lui aurait associé l’appréciation de « très bon », ce qui n’est à mes yeux pas le cas. C’est un « bon » film et c’est déjà pas mal.