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AFTER THE HUNT

Une professeure d’université qui se retrouve à un carrefour personnel et professionnel lorsqu’une de ses étudiantes porte une accusation contre l’un de ses collègues et qu’un sombre secret de son propre passé menace d’être révélé.

Critique du film

Avec After the Hunt, présenté hors compétition à Venise, le (trop) prolifique Luca Guadagnino signe une nouvelle adaptation qui prend place dans l’univers feutré et sophistiqué du milieu universitaire. Mais pour ce réalisateur dont la seule grande véritable réussite demeure Call Me by Your Name, ce nouveau film marque la confirmation de défauts désormais récurrents : le geste plastique prime sur l’idée, les esthétiques séduisent sans nourrir, les projets s’amoncellent plus qu’ils ne s’enracinent. Après Queer, film esthétisant trop artificiel malgré le talent indéniable de Daniel Craig, voilà que Guadagnino semble replonger dans le même schéma : encore de belles intentions, mais un manque de profondeur criant.

Après l’interprète de James Bond, l’Italien a débauché Julia Roberts pour lui offrir un rôle de premier plan, celui d’Alma Imhoff, professeure de philosophie à Yale, confrontée à une accusation de harcèlement contre un collègue et ami proche. Elle est indéniablement la pierre angulaire du film, retenue, ample, elle donne à son personnage une crédibilité et une densité que les autres n’atteignent jamais. Car ses partenaires jouent visiblement une autre partition : Ayo Edebiri, Andrew Garfield et Michael Stuhlbarg semblent perdus entre surjeu et dissonance, révélant une direction d’acteurs peu inspirée.

After the hunt

Le scénario, signé Nora Garrett, s’attaque à de gros enjeux — #MeToo, le consentement, les jeux de pouvoir, les discriminations — dans une atmosphère lourde, voire écrasante. Mais le script manque de finesse et déroule ses intrigues de façon confuse, voire réactionnaire, alourdies par une musique envahissante et des gimmicks prétentieux comme l’introduction de ce tic-tac sonore grossier. Derrière l’écrin esthétique, on voit se dérouler un récit cousu de grosses ficelles, davantage intéressé par ses rebondissements que par les questions éthiques qu’il effleure.

After the hunt dégage ainsi une désagréable impression de solennité artificielle, qui frôle parfois l’auto-parodie pour forcer la mécanique du thriller moral. Le film finit par n’être qu’un jeu de faux-semblants, préférant instrumentaliser des sujets brûlants plutôt que de les explorer véritablement, renforçant le sentiment de trouble à l’issue de la projection, non pas tant par ce qu’il cherche à raconter que par la légèreté avec laquelle il traite ses thématiques.

Bande-annonce