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JOSÉPHA

Comédiens abonnés aux rôles de figuration, Michel et Josepha forment un couple fragile depuis que Michel a vécu une courte liaison extra-conjugale. Un soir, Josepha rencontre Régis, riche éleveur de chevaux…

Critique du film

Josépha est tiré d’un roman écrit par Christopher Frank lui-même en 1979. Avant de réaliser ce premier film, le metteur-en-scène d’origine britannique a monté plusieurs spectacles de théâtre et été scénariste notamment pour Andrzej Zulawski – L’Important c’est d’aimer – ou pour des films avec Alain Delon – Trois hommes à abattre, Pour la peau d’un flic.  Connaissant très bien le monde du théâtre, et aimant cet univers, Christopher Frank avait donc écrit avec Josépha l’histoire d’un couple de comédiens qui est abonné aux figurations ou aux spectacles dont certaines représentations doivent parfois être annulées par manque de public. La scène du coup d’éclat que fait Miou-Miou lors d’une représentation qui se fait avec une salle très clairsemée est d’ailleurs un vrai régal, tant on sent la fatigue, l’usure que peut représenter cette situation, en plus des problèmes que rencontre le couple formé par Josépha et Michel – Miou-Miou et Claude Brasseur – qui connaissent donc la précarité de ce métier.

Josépha propose donc, dans un premier temps, une véritable démystification du métier de comédien et aborde le sujet du parcours du combattant que peut représenter la quête d’un engagement. D’autant plus que pour une jeune femme, certaines demandes pressantes de la part du metteur-en-scène pour faire des scènes déshabillées ne manquent pas. Mais c’est aussi et surtout un portrait de femme blessée, sensible mais inflexible, entière et sincère. Josépha ne peut pardonner à Michel la liaison parallèle qu’il a entretenue pendant un an. Et, même si celle-ci est terminée, la jeune comédienne garde un profond ressentiment. Comme si elle ne pouvait concevoir la moindre malhonnêteté, la moindre trahison.

Christopher Frank souhaitait confier le rôle de Josépha à Miou-Miou, qui trouvait le rôle trop dur et mit près de deux ans à accepter d’endosser ce personnage assez radical, qui préfère s’éloigner que de renoncer à ce qu’elle est. Qui se montre intransigeante, mais aussi terriblement attachante dans certaines scènes. Miou-Miou incarne cette jeune femme qui peut se détacher d’une personne ou d’un métier si elle est déçue ou moins passionnée, avec une très grande sensibilité et un jeu tout en nuances. 

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Autour d’elle, deux hommes que tout oppose : son mari Michel passionné par son art mais manquant finalement d’assurance et dont l’amour pour sa femme s’avère possessif. Et puis, Régis, éleveur de chevaux qui vit confortablement, qui semble posé, serein, philosophe. Mais cet homme a-t-il autre chose à offrir qu’un certain confort matériel ? Claude Brasseur et Bruno Crémer campent avec finesse des hommes diamétralement différents, le premier dans un rôle d’homme en colère et possessif, le second en amoureux à la force tranquille, mais qui manque peut-être cruellement de passion. 

Avec une superbe musique de Georges Delerue, aussi belle et intense que celles que le compositeur avait créées pour Le Mépris ou L’Important c’est d’aimer et une vision des sentiments dont la violence paroxystique peut s’exprimer parfois violemment, Josépha reste plus de quarante ans après sa réalisation une oeuvre passionnante et qui garde une certaine aura de mystère, due en grande partie à la complexité du personnage principal, qu’incarne Miou-Miou pour ce qui reste un de ses rôles les plus forts.


Josépha est disponible en Blu-Ray, édité par StudioCanal, depuis le 18 septembre, accompagné de plusieurs suppléments : présentation de Jérôme Wybon, plusieurs interviews, reportage sur le tournage et bande-annonce. Le film appartient à une nouvelle collection, Nos Années 80, comprenant également Le Choix des armes, Rue Barbare, Une Etrange affaire, Pour 100 briques t’as plus rien et Le Téléphone sonne toujours deux fois

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