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MAX ET LES FERRAILLEURS

Max, inspecteur de police solitaire, cherche à réussir le flagrant délit parfait. Quand il croise Abel, un ancien camarade de jeunesse devenu voyou à la petite semaine, puis Lily, sa compagne prostituée, une idée lui vient en tête. Il la mène à bout, avec succès, pour son plus grand malheur. 

Critique du film

Quatrième film de Claude Sautet, Max et les ferrailleurs (1971) se situe au début de la période Claude Néron, écrivain qu’il adaptera encore deux fois avec Vincent, François, Paul et les autres (1974) puis Mado (1976). Jean-Loup Dabadie, déjà indispensable, est appelé pour notamment développer le personnage de Lily interprétée par Romy Schneider, absent du titre mais essentiel dans la mécanique du scénario.

Max, c’est l’histoire d’une obsession. Ce flic énigmatique incarné par Michel Piccoli, n’a qu’une idée en tête : réussir, à tout prix, un flagrant délit. Guidé par un orgueil démesuré, il va trouver, en la personne d’Abel Maresco, le fil sur lequel tirer pour manipuler tels des pantins un groupe de jeunes ferrailleurs qui vit de menus larcins du côté de Nanterre, sous l’oeil plutôt bienveillant du commissaire Rosinsky. Max va ouvrir le chemin susceptible de transformer les doux rêveurs à tendance velléitaire en braqueurs déterminés. Il va leur offrir l’illusion de l’envergure.

Pour mener à bien son piège machiavélique, Max invente Félix. Ce providentiel banquier devient le client régulier et généreux de Lily, prostituée et compagne d’Abel, par l’intermédiaire de qui le guet-apens est tendu. Max ne demande pas à Lily de se déshabiller, jetant le trouble sur ses fantasmes et sa virilité. 

Le chat et la souris

Le film tout en déroulant sa mécanique implacable, oppose les rires et les couleurs de la jeunesse au noir et blanc funeste de Max, pousse au crime sans scrupule ni morale. Les scènes entre Piccoli et Schneider sont emblématiques de ce contraste. Les robes et le maquillage de Lily d’un côté, le costume sobre de l’autre. C’est pourtant au cœur de ces scènes que se joue la véritable tragédie qui fait la grandeur du film. Entre Max et Félix, les choses ne sont pas si simples. Grandissime Michel Piccoli qui réussit à faire vivre Max et Félix tout à la fois. Tandis que le premier voit sa carapace lentement se fendiller face à la beauté de Lily, les desseins du seconds étouffent dans l’œuf tout élan vers la vie. 

La scène de la baignoire, où Félix prend Lily en photo dans son bain, amorce la possibilité d’une histoire. Elle joue aussi avec l’image de l’acteur, que l’on revoit dans la baignoire du Mépris (Jean-Luc Godard, 1963) habillé de son seul chapeau. On retrouvera quelques années plus tard, Romy Schneider, humiliée devant l’objectif d’un photographe dans L’important c’est d’aimer (Andrzej Zulawski, 1975). Il est des scènes de cinéma comme des ricochets sur l’onde, reliées par un mouvement invisible qui les augmentent autant qu’elle l’anime. 

Si Max et les ferrailleurs ne faisait qu’observer le jeu du chat et des souris, il serait habile et cruel. Il est plus que cela en enfermant peu à peu Max dans son propre piège, aveuglé par son ambition, victime parmi les victimes. Le film aurait gagné à se conclure sur le scène du café, où Lily comprend, incrédule et horrifiée, la véritable identité de Félix et où Max, déchiré, contemple dans le regard de Lily, le spectacle de son indignité. 

Max et les ferrailleurs est rarement cité en premier lieu quand on évoque la filmographie de Claude Sautet dans laquelle il fait figure de diamant noir. On y retrouve l’impossibilité du bonheur qui irrigue toute l’œuvre du cinéaste. Le thème de l’amour cadenassé sera d’ailleurs repris dans Un cœur en hiver (1991). On découvre également une peinture sociologique qui va bien au-delà de la petite bourgeoisie dans laquelle d’aucuns cherchent à tort à l’enfermer. Thème que Mado poursuivra et développera en y ajoutant le conflit de générations. 


Disponible sur LaCinetek


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