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PEGGY SUE S’EST MARIÉE

1985 : les anciens du lycée Buchanan, classe 1960, se retrouvent pour leur vingt-cinquième réunion. Ce soir, ils sont venus en habit d’époque, jupes gonflantes, robes des sixties, brosse et noeuds pap’ pour les garçons. Peggy, très populaire en 1960, se retrouve reine de la soirée avec pour partenaire son mari, Charlie, le rocker. Mais ce tandem si brillant jadis est sur le point de se séparer. Revoyant son mari dans sa prime jeunesse, Peggy, encore amoureuse, s’évanouit. Elle s’enfonce dans le rêve et revit ces fameuses années 1960…

Réparer le présent

Après l’échec commercial de Coup de cœur, en 1982, qui entraina la ruine de Coppola, le réalisateur se retrouva contraint d’accepter un certain nombre de films de commande pendant plusieurs années. Pourtant, chaque fois, Coppola parvint à faire de ces longs métrages de vrais films d’auteur qui portaient sa marque de fabrique et ses thèmes.

Sorte de Retour vers le futur mais en version adulte et désenchantée, Peggy Sue s’est mariée se démarque du film de Robert Zemeckis par un refus du spectaculaire et de l’angélisme. On ne saura jamais si Peggy Sue remonte le temps, visite son passé ou si son aventure n’est qu’un rêve. Fidèle à la tradition de la comédie du remariage, genre à lui tout seul dans l’histoire de la comédie hollywoodienne, le film de Coppola narre le cheminement psychologique et sentimental de son héroïne, partagée entre l’envie de ne pas reproduire les mêmes erreurs et un besoin de stabilité, de sécurité.

Acceptation

Le film comporte également de beaux moments d’humour, avec notamment une scène où Peggy Sue, plus expérimentée que Charlie  – et pour cause, elle a en fait 41 ans et n’est donc plus une adolescente – fait peur à Charlie qui panique. On assiste à une inversion des rôles et des sexes assez drolatique. Kathleen Turner est à la fois irrésistible et touchante dans le rôle de cette femme en décalage permanent, par son âge, l’époque future d’où elle vient mais aussi par le recul qu’elle a sur sa vie, son passé.

Les moments où elle revoit des êtres qu’elle a depuis perdus de vue, ou perdus tout court, constituent de très belles scènes. L’émotion qui la submerge, incompréhensible aux yeux de ses proches qui ignorent tout de son « voyage temporel » devient la nôtre. Si le film peut plaire à toutes les générations, il appartient à cette frange d’œuvres qui se revoient à différents moments de sa vie, les lectures qu’on en fera s’enrichissant au fil du temps qui passe, avec son lot de regrets et ses moments de réconciliation avec soi-même et son histoire.  

On peut voir en Peggy Sue s’est mariée un beau film sur l’acceptation. L’acceptation de la vie telle qu’elle est : souvent morne et demandant un courage et une abnégation quotidiens, discrets, presque invisibles aux yeux des autres. Il s’agit de se réconcilier avec son passé, pour mieux accepter son présent. Pas de transformation spectaculaire, pas de rebondissement extraordinaire, mais un mélange de philosophie et de poésie. Et le retour à l’adolescence de l’héroïne devient paradoxalement un parcours initiatique qui permet de mieux comprendre ce qu’être adulte veut dire. 


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La restauration proposée par l’édition que nous livre Carlotta Films est impeccable comme d‘habitude et l’analyse de Jean-Baptiste Thoret, présente sur les différentes éditions, permet de mieux mesurer la richesse de cette œuvre attachante, intimiste, qui garde tout son charme. Suppléments communs aux éditions DVD, Blu-Ray et Combo Collector : Réparer le présent (24 min) : Analyse de Jean-Baptiste Thoret / Bande-annonce originale / Memorablilia contenus dans l’édition combo collector : Fac-Similé du dossier de pressée français d’époque, Jeu de 5 photos, Affiche

 




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