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UN BEAU MATIN

Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps… ­

Critique du film

Présente en Compétition Officielle l’an passé avec son captivant Bergman Island, Mia Hansen-Løve revient sur la Croisette dix mois plus tard avec Un beau matin, son nouveau film tourné dans l’hexagone – après deux escapades à l’étranger. Il suit une jeune veuve d’une petite fille, Sandra est confrontée à un choix difficile pour son père devenu aveugle et dépendant suite à une maladie dégénérative. En parallèle de cette période troublée, elle retrouve un ami de longue date dont on devine un lien affectif particulier, sans que celui-ci ne soit verbalisé. Les regards et les sourires complices en disent pourtant longs.

Bientôt, le rapprochement inévitable s’opère. Sandra, qui avait mis sa vie entre parenthèses depuis cinq ans, sait que Clément est un homme marié avec un enfant. Elle « connait sa situation » comme il le lui rappelle. Pourtant, elle ose un jour l’embrasser avec un échange taquin. Ils tombent passionnément amoureux et ne semblent plus parvenir à se passer l’un de l’autre. Alors qu’elle doit gérer le déménagement prochain de son père, qui devra rejoindre un établissement spécialisé assez rapidement, la question des livres de ce dernier se pose. Car l’homme, qui a toujours fait de la pensée et de la littérature les moteurs de sa vie, y tenaient énormément. Hors de question de s’en débarrasser ainsi. Les livres que l’on choisit sont un miroir de l’âme, ils composent les différentes colorations de la personnalité de chacun.

Un beau matin film

Histoire(s) de regard(s)

Ces mots si justes, qui émanent de la bouche de Sandra, traduisent poétiquement le bouleversement que représente cette situation pour elle. Son père, homme érudit et introspectif, est bien conscient de ce qu’il perd et a perdu. Cette mémoire qui s’efface inévitablement la rend presque inconnue. Régulièrement, elle est contrainte de lui rappeler qui elle est. Elle doit se résoudre à le voir, lui-même, s’estomper sous ses yeux.

Dans la peau de Sandra, Léa Seydoux irradie le film de sa présence et de sa sensibilité. Mère, fille, amante, elle est bouleversante sous l’oeil de Mia Hansen-Løve. La cinéaste, qui sait si justement raconter les tourments de l’existence et les amours contrariés, signe un drame tantôt déchirant, tantôt lumineux ou léger. Au creux de ce portrait de femme, elle réussit également à traiter le sujet de la fin de vie avec justesse et délicatesse, à des années lumière de l’embarrassant Tout s’est bien passé. Un délice d’écriture et de mise en scène qui n’en finit plus de l’affirmer comme l’une des cinéastes les plus précieuses du paysage français.

Bande-annonce

5 octobre 2022De  Mia Hansen-Løve, avec Léa SeydouxPascal GreggoryMelvil Poupaud


Cannes 2022Quinzaine des Réalisateurs




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