LOST RIVER
Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.
Buried in water.
Une chose est sûre : de nombreux spectateurs – et forcément quelques groupies – seront déroutés par Lost River, le premier long-métrage signé Ryan Gosling. Beaucoup de ses détracteurs argueront qu’il a bâti une première œuvre trop référencée pour vraiment séduire alors que celle-ci découle si logiquement de ses collaborations (Refn, Cianfrance) et de ses influences (Carax, Jarmusch) qu’elle paraît indéniablement fidèle à son obsession pour les figures monstrueuses et les univers onirico-horrifiques qui avait déjà laissé transparaître à travers son réjouissant projet musical Dead man’s bones. Une œuvre outrageusement personnelle donc. Avec une maîtrise déroutante de l’esthétique du macabre, le jeune acteur devenu auteur imprègne vos rétines de ses visions cauchemardesques et romantiques (au sens premier du terme), renvoyant à l’imaginaire, aux terreurs et aux aspirations de l’enfance.
Dans un Détroit abandonné dont l’immensité désertique renvoie inévitablement à Only lovers left alive sorti l’an dernier, ses protagonistes tentent de survivre entre réalité, rêve et oubli. Perdus dans ces limbes urbaines, une mère (Christina Hendricks) s’évertue à sauver le peu qu’il reste à sa famille, tandis que son fils aîné (Ian De Caestecker) vole ça et là un peu de cuivre pour l’aider à joindre les deux bouts tout en cherchant fatalement une échappatoire à ce quotidien sinistre. Celle-ci pourrait venir de cette étrange voisine vivant face à lui (Saoirse Ronan), avec sa grand-mère muette qui ne tardera pas à évoquer avec lui les conséquences néfastes qu’ont eu la création du lac artificiel sur le destin de la ville entière ainsi que celui de sa famille.
Repassé par la table de montage après un accueil plutôt sévère à Cannes, Ryan Gosling a peaufiné un film à son image, assumant ses déviances contemplatives et ses sensibilités artistiques. Pour sa première réalisation, Gosling s’est entouré de techniciens (Benoit Debie à la photo, la costumière Erin Benath, la chef déco Beth Mickle…) et producteurs (Marc Platt, Adam Siegel) avec lesquels il avait travaillé auparavant. Et c’est fort logiquement qu’il a confié à Christina Hendricks l’un des rôles principaux. Ce choix s’avère extrêmement judicieux tellement son visage sied parfaitement aux tableaux poétiques et tragiques que Gosling construit à l’écran pour son Lost River. La comédienne, révélée par la série Mad Men et brièvement apparue dans Drive (de son ami Nicolas Winding Refn), est la figure de proue steelienne d’une œuvre aussi troublante que captivante.
Quelques mots enfin sur la splendeur des images et la beauté de la partition sonore de Johnny Jewel (Chromatics, Desire…) qui offriront quelques plaisirs sensoriels qu’il serait fort regrettable de ne pas savourer. Tous ces atouts permettent à Lost River de constituer un premier long-métrage aussi prometteur que fascinant, un objet filmique vintage, fétichiste, fragile et hypnotisant qui confirme la naissance d’un auteur. Un frissonnant conte macabre dont il sera difficile de détacher le regard tellement son ambiance s’imprègne et nous accompagne longtemps après la sortie de salle.
La fiche
LOST RIVER
Réalisé par Ryan Gosling
Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith…
Etats-Unis – Thriller, Fantastique
Sortie en salle : 8 Avril 2015
Durée : 105 min
Soudain, j’ai hâte de le voir !
[…] l’occasion de la sortie en salle du premier film de Ryan Gosling, l’hypnotisant Lost River, LE BLEU DU MIROIR et The Jokers sont ravis de mettre en jeu 20 places de cinéma ainsi que […]
Wow ! J’ai trop envie d’y aller !
[…] avant la sortie du film Lost river, nous avons eu l’occasion de rencontrer Ryan Gosling pour parler de ce premier long-métrage, […]
[…] travaillait. Je me suis rendu à Détroit pour le rencontrer. Il tournait avec Ryan Gosling (Lost River – ndlr) et je l’ai vu travaillé avec lui sur place. En l’observant, j’ai […]
[…] d’autres avis sur Lost River, ici les critiques des sites Le Bleu du Miroir et […]
C’est effectivement très référencé, mais pour un premier film, c’est d’une extrême justesse. De magnifiques images, une belle composition musicale, un vrai rythme, une tension palpable. Un très grand film qui peut se perfectionner dans son montage (je ne suis pas fan des micro-ellipses qui sont surtout présentes au début du film) et peut-être un scénario un peu moins décousu.