36 QUAI DES ORFÈVRES
Paris. Depuis plusieurs mois, un gang de braqueurs opère en toute impunité avec une rare violence. Le directeur de la PJ, Robert Mancini a été parfaitement clair avec ses deux lieutenants les plus directs, Léo Vrinks, patron de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention), et Denis Klein, patron de la BRB (Brigade de répression du banditisme) : celui qui fera tomber ce gang le remplacera à son poste de grand » patron » du 36, quai des Orfèvres. La lutte est ouverte entre ces deux grands flics, autrefois amis, qu’aujourd’hui tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme, Camille Vrinks…
Critique du film
Sorti en 2004, 36 Quai des Orfèvres constitue la deuxième réalisation pour le grand écran d’Olivier Marchal, deux ans après Gangsters qui avait marqué les débuts prometteurs d’un comédien, scénariste et réalisateur qui avait déjà beaucoup œuvré pour la télévision et qui avait précédemment travaillé dans la police durant plus de dix ans, à la brigade criminelle, aux Renseignements Généraux et à la police judiciaire. Fort de cette double expérience, Olivier Marchal allait livrer avec ce second long-métrage un des polars emblématiques des années 2000.
Coécrit avec notamment Dominique Loiseau, ancien inspecteur de la BRI impliqué dans une affaire judiciaire qui a inspiré ce scénario, 36 Quai des Orfèvres met en scène l’affaire dite du « gang des ripoux du 36 ». Dans les années 1980, un inspecteur de la BRI est tué lors d’une intervention visant à neutraliser une bande de braqueurs. Un grand nombre de policiers, estimant que ce drame peut être imputé au chef de l’opération, en l’occurrence le patron de la BRB, menace de se mettre en grève. En réponse à cette fronde, une enquête est diligentée, visant à mettre en lumière des affaires d’attaques à mains armées imputables à des représentants des forces de l’ordre. Dominique Loiseau est alors dans le collimateur de l’Inspection Générale des Services et sera jugé et condamné, malgré des témoignages sujets à caution.
Très réussi visuellement, notamment grâce à la photographie du chef opérateur Denis Rouden, 36 Quai de Orfèvres se focalise beaucoup sur la rivalité de deux hommes, interprétés par Daniel Auteuil, dont le rôle s’inspire de la personnalité de Dominique Loiseau, et par Gérard Depardieu. Deux hommes qu’opposent des conceptions différentes de la police, du commandement et qui ont aimé, à des époques différentes la même femme, jouée par Valeria Golino. Assez moderne dans son traitement, celui de la violence assez crûment montrée, mais aussi celui d’une police où les repères se troublent et au sein de laquelle des luttes de pouvoir pourraient infléchir le cours de la justice, 36 Quai des Orfèvres comporte un grand nombre de scènes très réussies : l’ouverture du film avec le vol de la plaque du 36, les scènes de braquages ou les moments d’affrontement entre les différents protagonistes.
On regrettera l’omniprésence de la musique qui surligne parfois trop les moments d’émotion et qui semble presque contradictoire avec cette vision sans concession d’un univers ultraviolent. Le film n’évite pas certaines maladresses mais reste un excellent polar, qu’on parfois comparé à ceux de Michael Mann, pour son efficacité et ses scènes d’action très réussies. La distribution réunissait à l’époque un grand nombre d’interprètes chevronnés comme André Dussollier, Daniel Duval, Roschdy Zem ou Mylène Demongeot, mais aussi des artistes débutants comme Aurore Auteuil, ou Catherine Marchal, Francis Renaud.
36 Quai des Orfèvres, vingt ans après sa sortie, reste une étape importante dans le registre du film policier français, à la fois classique et contemporain, respectueux de la tradition tout en la modernisant, en la mettant à jour. Le film mérite l’appellation de grand divertissement populaire au sens noble du terme.
36 Quai des Orfèvres ressort le 20 novembre en Blu-Ray 4K Ultra HD (avec Blu-Ray inclus), édité par Gaumont dans une restauration somptueuse qui met bien en évidence l’aspect plastique du film, très réussi. Techniquement très réussie, cette édition comprend également des suppléments, notamment un entretien inédit avec Olivier Marchal et un documentaire « Qui veut la peau d’Olivier Marchal ? »
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