RESTLESS
Septembre a commencé par un gros coup de cœur : Drive. Il se termine par un gros coup de gueule [qui ne va pas plaire à tout le monde]. Gus Van Sant est vraiment un cinéaste qui me divise. Capable de bons petits films dans les années 90 (To Die For, Good Will Hunting, pour ne citer qu’eux), il avait pris un virage fortement déplaisant dans les années 2000 avec des films faussement-indés et faussement-contemplatifs (Elephant, Paranoid Park, pour ne citer qu’eux) pourtant mis sur un piédestal par bon nombre de bobos cinéphiles. Heureusement, le réalisateur semblait avoir terminé sa crise adolescente et décidé à refaire du cinéma. Il était temps et Milk vint comme un soulagement réjouissant. Mais aurais-je crié victoire trop tôt ? Tout porte à le croire.
Ce Restless est une grande déception : prévisible, cliché, froid et acidulé. GVS tente tant bien que mal d’apporter une certaine fantaisie à son film mais le charme n’opère pas. Tout semble artificiel et l’émotion ne vient jamais. Il a voulu faire un drama chic, il s’est visiblement planté. Et surtout, il revient à sa tendance « je filme avec les pieds, je me fiche de l’intensité de mon intrigue, du cadrage ou de la netteté de l’image car je fais de l’in-dé-pen-dant moi tu vois ». Quant aux acteurs, ils sont bien mignons mais l’interprétation laisse parfois à désirer. Hopper Junior a un certain charisme mais doit encore travailler quelques bases du métier. Quant à Mia-une-daube-un-bon-film Wasikowska, elle alterne le bon et le moins bon avec un sourire presque aussi agaçant que dans Alice in Wonderland made by Tim Burterdepp.
Un film à l’encéphalogramme aussi plat que son héroïne, dont la plus belle réussite serait certainement sa très belle affiche – très inspirée du Petit Prince.. Mais malheureusement pour faire émerger l’émotion, il est nécessaire d’aller au-delà du papier glacé et des bonnes intentions.
Gus s’était remis au cinoche avec Harvey Milk. Mais faire de vrais bons films nécessite un scénario et de la rigueur et/ou de l’investissement. Il décide donc de revenir à la glande adolescente avec Restless et sa mélancolie mielleuse et surfaite.
GUS VAN SANT | USA | 95 MIN | 21 SEPTEMBRE 2011 | HENRY HOPPER, MIA WASIKOWSKA |
Pfff meuh non il est vachement bien le film. Je l’ai trouvé très touchant, sensible, et très bien mis en image. Bien meilleur que Drive :p
Je ne m’attends pas à faire l’unanimité au contraire. A l’image d’un Scorsese, Van Sant fait partie de ces réalisateurs que tout le monde encense et qui font pourtant une fois sur deux un film banal et mou du genou. Cela n’engage que moi, mais c’est ainsi. Mon âme d’adolescent romantique doit être bien loin mais pour aimer Restless j’ai l’impression qu’il faut vouer un culte à GVS ou avoir 15 ans et trouver ça mignon.
Je ne voue pas un culte à Gus Van Sant, j’ai encore moins 15 ans et pourtant j’ai été réellement touché par ce film.. Je suis d’accord pour la poésie un peu appuyée mais … Pfff .. Je me suis petit à petit envolé par la beauté et la légereté du film, souvent ému en particulier à la fin où mon envol s’est subitement écourté … Je n’ai pas eu l’impression de m’être fait avoir par un réalisateur qui cherchait des larmes, je me trompe peut être… Mais j’ai adoré…
Et bien. Avis totalement opposé au tien. Harvey Milk était mauvais celui-ci est génial!
Tellement d’accord avec toi Wilyrah : très bonne surprise avec « Drive », grosse déception avec « Restless ». Pourtant, je suis fan de la plupart des films de GVS, y compris « Elephant » et « Paranoid Park ». Cette fois, je n’ai pas compris l’engouement.
Jujul : Je n’accuse pas les autres de lui vouer un culte (encore que…) mais je dis juste que j’ai eu du mal à comprendre ce qui était aussi plaisant dans ce film qui abuse des poncifs du genre et que j’ai trouvé bien trop lisse pour susciter l’émotion. Et je ne me remets pas de cette ultime scène navrant de déjà-vu et non crédible : « je regarde à gauche en repensant à un souvenir, je regarde à droite en pensent à un autre souvenir, je regarde en bas, je souris… pof générique ». Hum.
Oui bon, t’as pas tord mais voilà t’es pas rentré dans le film donc t’en as vu la mécanique, moi j’ai été entraîné dans la petite machine de Gus Van Sant, et cette dernière scène m’a touché…
J’ai plutôt aimé ce jolie film sans prétention. Je trouve au contraire l’image (et donc les flous) très beaux et le film dans son ensemble est très juste et très sensible. Et Mia Wasikowska ré-affirme tout son talent. Une grande actrice à suivre. Certes on est loin de la maestria dont Van Sant avait fait preuve avec « Elephant » mais je trouve qu’il excelle tout autant dans ce registre plus léger.
Et ben si GVS se remet à la mode adolescente… c’est une mauvaise nouvelle car j’ai détesté tous ses précédents opus !
Pour te soutenir, voici la critique que j’avais écrite :
Cette histoire d’amour est évidemment touchante. Le couple formé par Mia Wasikowska et Henry Hopper est certes très mignon. Quant aux couleurs de l’automne portlandais, elles flattent indubitablement la rétine. Cependant, soyons honnête, si ce film était signé d’un obscur tâcheron hollywoodien, et non pas d’un auteur respecté, on crierait au mélo ! Car il faut bien reconnaître que Gus van Sant nous a habitués par le passé à un peu plus d’audace que cette guimauve douceâtre…
Restless est très fadement mis en scène. Les dialogues véhiculent quelques platitudes, pour ne pas dire des clichés assez lourdauds. C’est le cas de l’échange entre les deux médecins dans un couloir de l’hôpital, qui se donnent rendez-vous au golf, à 17 heures : on se croirait dans un sketch des Inconnus ! Plus problématique est cette vision immature -bien sûr, les deux héros sont adolescents, mais tout de même- de la maladie et de la mort. On ne meurt pas ainsi, même à cet âge. Je sais d’expérience –récente- que le cancer n’a rien de romantique. Ce n’est pas un calme endormissement dans des limbes délicieux où les lumières de l’esprit s’éteignent, où le corps, délivré de son tyran, s’abandonne aux joies délirantes de la liberté (Honoré de Balzac, La peau de chagrin). Aussi préfère-je –et de loin- le regard porté sur ce fléau par Valérie Donzelli dans La guerre est déclarée. Ce qu’elle nous dépeint est crûment réaliste, sans pour autant être désespéré…
Le jeu d’Henry Hopper ne m’a pas plus convaincu. Son dandysme lymphatique m’a même donné envie de le souffleter copieusement. Mia Wasikowska n’est pas plus à son avantage. En fait, le seul personnage véritablement incarné du film est, paradoxalement, Hiroshi, le fantôme du pilote japonais, interprété par Ryo Kase, vu il y a quelques années dans Lettres d’Iwo Jima. Bon, un autre point positif tout de même, Restless dure seulement 1h31. C’est un moindre mal !
Moi aussi GVS est un réalisateur qui me divise, mais il semble que ce soit d’une manière totalement inverse à la tienne. J’ai enfin vu du vrai GVS après le trop classique « Harvey Milk ».
Manque d’authenticité… Artificiel… Oui c’est tout à fait ça. Content de voir que je ne suis pas le seul à ne pas aimer ce film.
Ton blog est bien sympa et bien écrit, je vais aussi le rajouter dans mes liens
Prévisible, cliché, froid et acidulé. Tout cela est très juste. Et pourtant, ce film a un charme fou. La grâce des deux protagonistes, l’élégance de la mise en scène, la légèreté du propos ; autant de points qui le distingue de la sombre balourdise d’un Melancholia, par exemple.
Oui, c’est facile, c’est superficiel, on ne sort du cliché – mais c’est frais et raffiné. On en sort pas bouleversé – ce n’est d’ailleurs pas le but – mais tout baigné d’un certain enchantement.
La critique de Christophe regrette un manque de réalisme dans l’approche de la maladie. Mais Restless ne tient pas d’un naturalisme à la Zola, plutôt de la poésie romantique et distingué d’un Keats. On ne peut lui faire le procès de n’être point réaliste, puisqu’il s’agit justement d’un parti-pris esthétique et artistique du réalisateur.
Après, on peut aimer ou non, c’est autre chose.
Mes coups de coeur ciné depuis le début de l’année : Black Swan – Winter’s Bone – Sibérie Monamour – Le discours d’un roi – Une séparation – Submarine – L’étrange affaire Angelica – My little princess – Restless.
Un ancien potonaute qui vous lit trop rarement, mais toujours avec plaisir.
Bonsoir,
Merci pour ce commentaire développé et argumenté fort agréable.
Concernant les coups de cœur de l’année, Submarine fait aussi partie des miens. Le discours d’un roi fera sûrement partie du TOP 10 c’est évident. Mais en tête pour l’instant se détachent DRIVE et NEVER LET ME GO aux côtés de SUBMARINE justement.
Merci d’être passé par ici, en espérant que cela devienne plus régulier car de tels messages sont toujours très agréables à recevoir
Amicalement.
Assez acide comme critique ! Personnellement, je n’ai pas vu énormément de films de GVS (seulement Elephant qui m’a subjugée, Good Will Hunting qui m’a énormément touchée et Gerry qui ne m’a pas déplu) mais entre les deux périodes du cinéaste que tu cites, on ressent quand même une différence de style entre ses films des années 90 & ceux d’aujourd’hui. Je n’ai rien contre les films esthétiques donc je pense aller voir celui-là (même si mon intérêt est plus motivé par la présence de Mia qu’autre chose). J’espère que j’aurais un point de vue moins acide que toi ^^