GEMMA BOVERY
Martin est un ex-bobo parisien reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent être inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu ses classiques, et entend bien vivre sa propre vie…
Pour une bouchée de pain
Plusieurs anecdotes amusantes précèdent le visionnage de Gemma Bovery. La plus évidente concerne le prénom du personnage éponyme, également porté par la comédienne l’interprétant : Gemma n’est pas un prénom courant, pourtant c’est la comédienne Gemma Arterton (ex-James Bond girl) qui a été castée pour incarner ce personnage à l’écran. Autre coïncidence, Gemma Bovery est adapté du roman graphique de Posy Simmonds, auteure à qui l’on doit également Tamara Drewe, porté sur grand écran en 2010 avec… Gemma Arterton dans le rôle principal. Ce long-métrage signé Stephen Frears raconte d’ailleurs également la fascination d’un quinquagénaire pour une charmante citadine revenant à la campagne.
Dans la peau du boulanger intrusif à l’imagination débordante, Fabrice Luchini en fait des tonnes – comme à son habitude. Et comme souvent, sa prestation se révèle aussi drôle qu’occasionnellement irritante. Passionné de littérature, il prête à sa nouvelle voisine une destinée romanesque à l’issue dramatique semblable à celle de l’héroïne du grand classique de Gustave Flaubert. Vigilant mais intéressé, l’homme s’éprend assez rapidement de la nouvelle arrivante – on peut le comprendre.
Quitte à effectuer un nouveau rapprochement, il y aurait une similitude avec le personnage que le comédien a pu camper chez François Ozon (Dans la maison), bien qu’ici son statut de voyeur indirect bascule progressivement vers un rôle plus actif tandis que la liste des prétendants de Gemma s’étoffe… Mais l’exercice de style d’Anne Fontaine parait aussi inabouti que chez Ozon avec une peinture de la petite bourgeoisie provinciale franchement convenue (Elsa Zylberstein n’a pas à se fouler pour se rendre détestable).
Variation fantaisiste du célèbre roman flaubertien, Gemma Bovery reste malgré ses lourdeurs une comédie vaguement sympathique dans laquelle rayonne l’irrésistible Gemma Arterton.
La ficheGEMMA BOVERY
Réalisé par Anne Fontaine
Avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng
France – Comédie dramatique
Sortie en salles : 10 Septembre 2014
Durée : 99 min
Pour ma part, j’ai bien aimé ce film. Je trouve cette relecture du roman de Flaubert assez originale et contrairement à toi, j’ai aimé l’interprétation de Luchini, qui correspond vraiment au rôle, lui qui aime tant la littérature (et surtout notre ami Flaubert) et les femmes. Son personnage est vraiment intéressant – un observateur de son monde, une sorte de nouveau Flaubert et même d’une Madame Bovary en homme finalement – et fait oublier les quelques défauts de ce film (la réalisation est correcte mais il n’y a pas de quoi sauter au plafond – ça aurait pu être mieux). Gemma Artenton est également très bien.