EQUALIZER
Pour McCall, la page était tournée. Il pensait en avoir fini avec son mystérieux passé. Mais lorsqu’il fait la connaissance de Teri, une jeune fille victime de gangsters russes violents, il lui est impossible de ne pas réagir. Sa soif de justice se réveille et il sort de sa retraite pour lui venir en aide. McCall n’a pas oublié ses talents d’autrefois… Désormais, si quelqu’un a un problème, si une victime se retrouve devant des obstacles insurmontables sans personne vers qui se tourner, McCall est là. Il est l’Equalizer…
Expédition punitive.
Le retour du duo Antoine Fuqua – Denzel Washington suscitait une certaine méfiance. Même si leur première collaboration offrit à l’acteur son fameux Oscar en 2001, les plus septiques d’entre nous voyaient davantage un Tony Scott pour réaliser ce film. Tandis que la logique voudrait qu’on se dirige vers un « Training Day 2 » qui se suffirait à lui-même, il est déjà question d’une franchise. Sans même attendre l’accueil du public, une suite est déjà annoncée pour ce remake de la série éponyme des années 90. Est-ce qu’ils pourront (des deux côtés de la caméra) réussir une adaptation digne de ce nom et nous offrir un scénario ainsi qu’une mise en scène qui resteront dans nos mémoires ?
La première partie du film est plutôt encourageante. L’introduction d’un Denzel présentant une vie parfaitement réglée, baignant dans une routine des plus tristes, se fait sans longueur. On ne s’attarde pas non plus sur ses rencontres avec le personnage de Teri (portant les traits de Chloé Grace Moretz) qui se veulent courtes et inscrites dans les nombreux rituels de ce cher Robert McCall. Très vite, la fréquence des scènes de nuit augmente et on touche peu à peu à cette ambiance si familière des polars des années 90. Même si on anticipe LA nuit où tout bascule, on se délecte de la caméra d’Antoine Fuqua qui ne rate aucun des faits et gestes du personnage principal. Devenu justicier improvisé, elle le suit au plus près en alternant les séquences de zoom sur son regard et celles où le temps ralentit. De bons choix qui nous offrent des scènes d’action particulièrement bien chorégraphiées, notre héros n’ayant pas d’armes de prédilection et préférant s’adapter aux objets se trouvant dans son environnement proche. Mention spéciale pour l’utilisation d’un tire-bouchon.
Beaucoup seront enthousiasmés par cette première partie nous rappelant les univers de Léon et de Man on Fire. Hélas, le film prend très vite une toute autre direction, celle du revenge-movie, qui sonne comme une douche froide légitimée par l’argument de la « franchise autour d’un super-héros vengeur ». Exit le personnage de Teri qui n’aura servi que d’amorce sans permettre au film de se détacher d’un scénario réchauffé. À la place, nous nous retrouvons plongés dans une histoire qui joue les prolongations avec une énorme baisse du rythme initial. Et nous n’arrivons plus à comprendre le but de ce film : avons-nous affaire à un bon vieux thriller old school ou à un simple film d’action à apprécier avec un cerveau déconnecté ?
La venue d’un malfrat russe avide de vengeance (remarquablement interprété par Marton Csokas) n’arrive même pas à nous leurrer face au charisme « héroïque » de Robert McCall. Tandis qu’on perd le suspens de leur confrontation au profit d’effets spéciaux exagérés, nous prions silencieusement pour éviter les clichés. Malheureusement, tout y passe : un final dans lequel notre vendeur-bricoleur s’amuse à piéger des adversaires tournés en dérision, l’aide de l’inévitable sidekick (pour tout héros qui se respecte) et beaucoup de frustration… Ce n’était pourtant pas faute de tirer sur les cordes scénaristiques autour de Teri ou de scènes en lien avec le passé de McCall, mais l’arc de ce film ne vise bientôt plus que le simple divertissement…
Au final, nous devenons malgré nous des victimes de ce film et une question se pose : à quoi devenons-nous nous attendre pour la suite ? La présence de Denzel Washington dans le rôle-titre permettrait de voir évoluer en intensité un Robert McCall ayant trouvé sa voie. Il conviendrait que le second volet bénéficie d’un fil rouge autour du héros beaucoup plus prenant que celui de ce premier opus…
EQUALIZER
Réalisé par Antoine Fuqua
Avec Denzel Washington, Chloë Grace Moretz, Marton Csokas
Etats-Unis – Action
Sortie en salles : 1er Octobre 2014
Durée : 132 min
[…] Les scènes d’action (parfois brutales) sont bien fichues, les fusillades font mouche tandis que Chad Stahelski gère plutôt bien le rythme de son premier long-métrage. L’humour fonctionne, offrant même quelques moments subversifs réjouissants. Keanu Reeves, animé par le feu de la vengeance, assure dans le rôle principal comme avaient pu le faire Tom Cruise dans Jack Reacher et plus récemment Denzel Washington dans Equalizer. […]