JACK
Fonceur, tenace et plein de ressources, Jack, dix ans à peine, est déjà seul responsable de sa famille : son petit frère Manuel, six ans, et leur mère célibataire aimante, mais totalement immature, Sanna, qui travaille la journée et fait la fête la nuit. Mais cet homme de la maison en culottes courtes n’est pas infaillible et un événement va venir bouleverser le quotidien de ce trio. Les services de protection de l’enfance décident alors de retirer la garde des deux garçons à la jeune femme et de placer Jack dans un centre d’hébergement.
Stand by me.
Reparti de la Berlinale avec de très bons échos, Jack d’Edward Berger sortira dans nos salles courant avril. Et tout ce que l’on peut dire après l’avoir découvert c’est que l’on tient (déjà) là l’un des diamants bruts de cette année 2015. Un film dont on a envie de ne retenir que les innombrables qualités en fermant les yeux sur les rares petits défauts qu’il pourrait comporter.
Le personnage éponyme est un jeune garçon d’une dizaine d’années. Ce petit homme incroyablement autonome et débrouillard se révèle terriblement attachant et totalement dévoué à son petit frère Manuel dont il s’occupe presque seul, la faute à une mère (trop) souvent absente.
Jack raconte l’histoire de cet enfant, confronté à la négligence d’une mère trop immature pour s’occuper de ses deux fils. Pourtant, ce dernier encaisse et s’adapte aux situations sans broncher et avec un aplomb ahurissant. Il ne laisse (presque) jamais transparaître son chagrin, sa crainte ou sa colère, sauf lorsqu’il ne parvient finalement pas à étouffer une déception dévorante ou une inquiétude coupable liée à son frère cadet. Une belle illustration de la résilience dont fait preuve ce garçon à la loyauté immense envers celle qui est devenue mère un peu par hasard et qui se révèle cruellement peu fiable, l’obligeant à assumer des responsabilités d’adulte du haut de ses dix ans. On devient témoin de sa pugnacité, de son courage et de sa détermination à retrouver sa mère, développant au passage un instinct de conservation admirable.
Ce Gavroche des temps modernes est incarné par l’époustouflant Ivo Pietzcker. Rarement un comédien débutant aura crevé l’écran de la sorte. Son visage, sa dureté, sa conviction et sa générosité en disent long sur le potentiel de ce gamin découvert presque miraculeusement un soir de finale de Champions League.
Malgré son sujet difficile et la cruauté désemparante de son histoire, Jack évite le piège du pathos et s’affirme comme un film lumineux, admirablement et intelligemment dirigé, superbement photographié et subtilement écrit – dans une économie de dialogues quasi-parfaite faisant d’Edward Berger une sorte d’héritier germain du grand Ken Loach. Un récit initiatique dont on ressort complètement abasourdi, silencieux et admiratif, avec le sentiment d’avoir assisté à l’éclosion d’un auteur et à la révélation d’un jeune comédien extraordinaire.
Ne cherchez plus le premier choc cinématographique de l’année, il s’appelle Jack.
La fiche
JACK
Réalisé par Edward Berger
Avec Ivo Pietzcker, Georg Arms, Luise Heyer…
Allemagne – Drame
Sortie en salle : 8 Avril 2015
Durée : 103 min
[…] l’occasion de la sortie en salle de notre coup de coeur, le déchirant JACK d’Edward Berger, LE BLEU DU MIROIR et Diaphana sont ravis de mettre en jeu 10 places de […]
La mère est trop jeune et stt trop désinvolte (l’implacable réaction lors de « retrouvailles ») pour s’occuper de ses deux jeunes enfants. Le grand, 10 ans, doit s’occuper avec toute sa détermination de son jeune frère. Tant bien que mal, au bord de l’implosion qui vas précipiter sa rage et son instinct de survie et de recherche d’amour (il est là, mal distribué). Sidération que dans une société si moderne, si brillante dans sa réussite économique affichée, elle ne sache même pas assuré un b-a ba social (la fuite ne semble pas être une priorité par les autorités). Sorte de Dardenne teuton plus âpre, avec moins de respiration, le film n’est pas franchement agréable. Le sujet ne l’est pas non plus. Raccord.