THE VISIT
Becca et son petit frère, Tyler, vont passer une semaine dans la ferme de leurs grands-parents maternels qu’ils s’apprêtent à rencontrer pour la première fois. Leur mère n’avait plus de contact avec eux depuis le jour où, adolescente, elle a quitté la maison familiale à la suite d’un événement dont elle refuse de parler. Becca emmène sa caméra dans ses bagages. La jeune fille envisage de tourner un documentaire de ces retrouvailles…
Grands-parents, mode d’emploi.
The Visit pourrait bien marquer le retour en grâce auprès du grand public d’un auteur qui, de conte métaphysico-puéril (La Jeune fille de l’eau) en film catastroph(iqu)e sur fond de rébellion végétale (Phénomènes), avait progressivement dérivé loin des regards cinéphiles.
Avec ce projet produit par les studios Blumhouse, M. Night Shyamalan fait profil bas et revient tout en modestie, que ce soit du côté du scénario ou de l’économie de moyens. On irait même jusqu’à dire qu’il semble prendre un nouveau départ, en revenant au pur plaisir de filmer, en toute simplicité. C’est indéniablement un peu de lui qu’il projette dans Becca, l’héroïne du film, une ado réalisatrice en herbe qui, avec son petit frère, s’apprête à passer une semaine chez leurs grands-parents maternels qu’ils n’ont jamais connus. Un bon prétexte pour filmer la rencontre et livrer un documentaire intime où il sera question de traumas familiaux et de temps perdu à rattraper. Mais le scénario escompté se grippe. Pour cause : papy et mamie ont tendance à se comporter bizarrement, notamment une fois la nuit tombée. Le documentaire familial se mue donc rapidement en enquête en temps réel pleine de points d’interrogation…
Mieux vaut laisser planer le mystère sur la suite des événements. Disons simplement que Shyamalan suggère plusieurs pistes pour mieux ménager ses effets de surprise. Et ça fonctionne ! Ce qui surprend, surtout, c’est que ce The Visit est, volontairement, très drôle. Le réalisateur de Sixième sens et Incassable ne nous avait pas habitués à faire preuve d’autant d’humour. Il délaisse sa gravité et son symbolisme (souvent) pompeux et, même s’il ne peut complètement s’empêcher de se laisser aller à ses chers élans guimauve, cela fait plaisir à voir. The Visit n’atteint évidemment pas les pics de tension de Sixième sens, ni la richesse du sous-texte du Village. Cependant, ce film sait employer le found-footage à bon escient, donnant, de fait, une petite leçon aux tâcherons qui se sont essayés au genre récemment. Shyamalan exploite parfaitement le potentiel du « work in progress » de Becca pour mettre sur pieds ce concentré de frissons et de fun, dans une ambiance parano. Un parfait « midnight movie ».
La fiche
THE VISIT
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan…
Etats-Unis – Epouvante – Horreur
Sortie : 7 Octobre 2015
Durée : 94 min
Moins mauvais que les 2 précédents, mais pas encore du niveau des 3 premiers films du réa. Ici ou là on sent poindre de beaux restes, hélas ce ne sont que des restes. Un certains ridicule s’installe entre des moments plus inquiétants. Le twist ne marche pas autant par un manque de bonne exploitation. Tout ça pour ça malgré une fin plutôt sauvage. Le format found footage like n’aide pas.
[Attention: Spoil !]
Bah.
Voilà, voilà. Deux cinglés échappés d’un asile. Super. 90 minutes pour ça. Pour voir au même endroit, une photo des grand-parents, un cadavre, un marteau et un uniforme de pensionnaire d’asile (?). Admirons cette trouvaille écrite par un jeune adolescent. Mais que s’est-il donc passé dans la tête de M. Night Shyamalan ?