ILS SONT PARTOUT

Raté

Yvan se sent persécuté par un antisémitisme grandissant et il a l’habitude de s’entendre dire qu’il exagère, qu’il est paranoïaque. Lors de séances chez son psy, Yvan parle donc de ce qui le concerne : son identité, être français et juif aujourd’hui. Mais ces rendez-vous sont aussi et surtout une sorte de fil rouge reliant entre elles plusieurs histoires courtes qui tentent de démonter, sur le mode tragi-comique, les clichés antisémites les plus tenaces.

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

Juif. Le mot est partout. Yvan Attal et ses comédiens n’ont que celui-là à la bouche, jusqu’à l’indigestion. S’il se défend d’avoir fait un film militant visant à combattre l’antisémitisme, son plaidoyer n’est guère plus qu’une private-joke un peu longuette, culottée mais rarement drôle. Malgré ses intentions louables et un optimisme rassembleur bienvenu, Ils sont partout vire trop vite à la lourde démonstration et bien-pensante autour de la « problématique » suivante : pourquoi les juifs sont-ils aussi détestés ? En accumulant les clichés pour essayer de s’en amuser, Attal se rêve en Monty Python mais ne porte jamais vraiment de regard d’auteur (ou d’intellectuel) sur son sujet. Plus un coup de gueule (ou cri d’amour, c’est selon) grassement financé par ses amis bien lotis qu’une véritable satire, sa comédie à sketchs tourne à vide jusqu’à l’écoeurement.

Si certaines pastilles méritent éventuellement le détour – le tandem Poelvoorde/Bonneton fonctionne d’ailleurs plutôt bien – le long-métrage ne trouve jamais sa place entre la parodie et la dramédie dénonciatrice. On ne rit jamais vraiment, malgré l’audace indéniable du tandem Attal-Frêche, et l’on s’embarrasse d’une telle paresse dans l’écriture de certains personnages : sa pauvre épouse, Charlotte Gainsbourg, se voit affublée d’un rôle consternant et grotesque, dans le segment le plus faible du film.

Séduisante idée jamais concrétisée, Ils sont partout rate sa cible. Ceux qu’il raille n’iront pas voir son film, ceux qui en sont victimes risquent de trouver tout cela bien vain tandis que les autres n’en garderont certainement pas un souvenir impérissable.

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