CAFÉ DE FLORE
Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie – ou deux. Entre le Paris des années 1960 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse, troublante et malgré tout pleine d’espoir. Café de Flore raconte les destins croisés de Jacqueline une jeune parisienne mère d’un enfant unique, d’Antoine un DJ montréalais ainsi que des femmes qui l’entourent. Ce qui les relie : l’amour, troublant, maladroit, imparfait et inachevé… humain.
Un peu refroidi par les critiques très peu élogieuses que j’avais pu lire et l’affaiblissement rapide du nombre de séances parisiennes, je suis allé découvrir in-extremis et sceptique le nouveau film du cinéaste canadien Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y) dans une petite salle de la capitale – cinéma indépendant que je recommande, tant pour le cadre que l’accueil ou la playlist musicale d’attente. Grand bien m’en aura pris. Il s’agit là d’une oeuvre à part, qui ne peut laisser insensible. Ce fut déjà le cas de Mr Nobody, de Jaco Van Dormael qui avait eu un traitement plutôt sévère de la part de certaines plumes acerbes et aigries. L’audace et le talent ne sont pas toujours récompensés et le succès ou la réussite ne tiennent parfois qu’à un fil.
La dernière création de Jean-Marc Vallée est une réussite mais n’a pas rencontré le succès mérité. Café de Flore est une expérience sensorielle, visuelle, musique et existentielle qui ne laisse pas indifférent. Superbe dans sa mise en scène et sa photographie, terriblement jouissif dans son montage et sa bande sonore entêtante (Sigur Ros, Pink Floyd, The Cure, NiN…), cette œuvre personnelle et sincère a de quoi dérouter et toucher. Le réalisateur canadien a laissé s’exprimer complètement sa créativité et nous emporte dans un voyage musical et temporel (entre le Paris des années 60 et le Canada contemporain) dont on ne ressort pas indifférent. Alors qu’il peut en laisser certains sur le bord de la route, la magie a opéré pour moi. A l’image d’un Xavier Dolan qui divise mais assume complètement son art, il semblerait que dernièrement les canadiens mixent avec brio leurs rengaines musicales entêtantes à des images d’une beauté incroyable pour mieux nous entraîner au cœur des tourments de l’âme. Et c’est tant mieux.
J-MARC VALLÉE | FRA/CAN | 84 MIN | 22 FÉVRIER 2012 | V. PARADIS, KEVIN PARENT, EVELYNE BROCHU |
Bonjour Wylirah, j’hésite car je ne suis pas fan de Vanessa Paradis et un de mes collègues m’a dit que c’était nul, donc je ne sais pas. Bonne après-midi.
Deux belles histoires, très belles histoires qui gagnent en valeur grâce à des acteurs vraiment magnifiques. Seul vrai bémol sur le « twist » qui relie les deux histoires, presque risible, en tous cas ridicule… 3/4
Je ne suis pas du tout fan de Paradis, au contraire 😉 Sa présence ne m’a pas trop gêné.
Je n’ai pas été spécialement gêné par ce « twist » même s’il a de quoi désarçonner.
Je pense que le film de Vallée a été mal vendu, surtout en France où on a parlé que de Vanessa Paradis en mère d’un enfant trisomique. Du coup dans la salle pas mal de mamies se sont senties un peu perdues… Moi aussi je ne m’attendais pas forcément à ça, mais ça ne m’a pas trop perturbé. On retrouve vraiment la patte du réalisateur notamment dans sa façon d’appréhender la musique, et puis bien sur dans sa mise en scène très maîtrisée. Après le film traine un peu dans sa partie centrale, où on finit par attendre que Vallée nous donne la clé de tout ça. Clé qui m’a beaucoup déstabilisé au début, et à laquelle je n’ai d’abord pas adhéré, jusqu’à ce final éblouissant. Une « expérience » comme tu dis, avec ses qualités mais aussi des défauts.
Oui, le film a été très mal vendu (l’affiche laisse supposer que Vanessa Paradis a le rôle principal : ceux qui se sont rendus en salle pour elle ont dû tomber de haut). J’ai trouvé ce film d’autant plus touchant qu’il est bancal. Que Jean-Marc Vallée assume cette histoire improbable est à saluer. Il ne fait aucune concession au second degré pour se préserver des jugements cyniques et rien que cela lui fait gagner des points dans mon estime. J’espère que le film sera redécouvert par un plus large public en vidéo…
Je ne suis pas sûr que ce film était de toute façon destiné à remporter un grand succès du fait justement de son parti pris complètement assumé, de sa forme et du fond. Personnellement, il y a des choses qui m’ont fait tiqué parfois, mais l’ensemble m’a tellement transporté. Et quelle B.O !
Nous sommes d’accord Squizz. D’autant que si j’ai attendu quelques temps avant d’y aller, c’est justement parce que je n’aime guère Vanessa Denfer. Il y a quelques passages moins bons, mais tellement de moments poétiques ou envoûtants que j’ai été complètement transporté. Une belle expérience.
Le titre fait très pariso-parisien dans les effluves de Klapisch …
Alors ça si je m’y attendais…
C’est juste un fourre tout ce film, y a pas grand chose à sauver.
Tu peux pas comparer à Dolan, je ne suis pas d’accord, tsss….
Je ne compare pas ce film à ceux de Dolan, je parle simplement d’art assumé, personnel, excessif, beau. Après que le film t’ait déplu, c’est une autre question 😉
Intéressant de voir combien la promo, si elle est mal faite, peut casser un film. Dommage. J’étais persuadée à voir les critiques que c’était assez raté. Merci pour ton billet qui me redonne un peu de curiosité. Je le verrai en DVD ou VOD.
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