GHOST IN THE SHELL | Nouvelle bande Annonce
Le cinéma et l’univers du manga sont deux univers d’une richesse indéniable mais qui, lorsqu’ils s’entremêlent, aboutissent majoritairement à un résultat d’une grande pauvreté. Ken le Survivant, Dragon Ball Evolution, Niki Larson… La liste des films médiocres voire nanardesques adaptés de mangas semble interminable. C’est dans ce contexte houleux que nous arrive la bande-annonce du film Ghost in the Shell, dont la sortie française est prévue pour mars 2017. À travers une première bande-annonce complète, Ghost in the Shell se doit de rassurer les fans du manga de Masamune Shirow qui avaient décrié avant même que le tournage ne débute qu’une Américaine – Scarlett Johansson tient le rôle principal – puisse interpréter le protagoniste phare, la cyborg asiatique Motoko Kusagani. En outre, peut-on en tant que simples cinéphiles être rassurés par cette bande-annonce ?
Scarlett rassurante…
Les critiques qui se sont abattues sur Scarlett Johansson semblent tout d’abord inadéquates et démesurées. Certes, l’écart culturel peut déstabiliser, mais Scarlett Johansson a déjà prouvé par le passé qu’elle avait acquis une certaine expérience dans le domaine de la science-fiction. En effet, l’actrice s’était glissée dans la peau d’une extraterrestre impassible dans Under the Skin (2014). Idem la même année dans Lucy, où elle avait également dépeint un personnage en proie à des pouvoirs surnaturels. Enfin, dans Her (2013), sa voix accompagnait le fonctionnement d’un gadget futuriste censé aider les célibataires mélancoliques dans un avenir proche. Ainsi, Scarlett Johansson poursuit sur cette lancée, en proposant toujours ce visage indifférent et cette allure mécanique qui conviennent parfaitement à son personnage robotique dans Ghost in the Shell : les inquiétudes de ce côté-là semblent donc partiellement gommées d’avance.
Par ailleurs, Johansson fait partie d’un casting qui, malgré sa composition cosmopolite, se révèle plutôt bien assorti au vu de cette bande-annonce. La française Juliette Binoche en docteur côtoie en effet le japonais Takeshi Kitano et le danois Pilou Asbaek, tous deux alliés du protagoniste et ennemis du rieur, personnage interprété par le musicien et acteur américain Michael Pitt. Finalement, la seule personne de l’équipe technique qui aurait pu essuyer des critiques est son réalisateur Rupert Sanders. Preuve qu’il faudra douter jusqu’au bout de Ghost in the Shell.
… Rupert inquiétant
Rupert Sanders doit effectivement porter sur ses épaules toute l’originalité et toute la créativité folle d’un manga à l’univers étendu qui s’est élargi du manga aux animés et aux jeux vidéos depuis près de 27 ans. Or, estimer que Rupert Sanders n’est peut-être pas digne d’assumer encore de telles responsabilités est un euphémisme : son expérience en tant que réalisateur se résume à Blanche-Neige et le Chasseur (2012), adaptation hasardeuse du conte des frères Grimm. L’esthétique et la mise en scène que Rupert Sanders a voulu composer dans Ghost in the Shell ne sont pas pour autant insignifiantes, mais elles témoignent d’un manque d’originalité, puisque des références comme Blade Runner se décèlent trop aisément, au détriment de l’identité asiatique du matériau de base.
L’imagerie dévoilée dans cette bande-annonce a de quoi attiser la curiosité, mais il faut espérer que cela ne se fasse pas au détriment du scénario, très souvent vide et négligé dans les films adaptés de mangas. C’est en cela que réside majoritairement la réussite d’une adaptation. Un mélange subtil de fidélité et de personnalité que Ghost in the Shell, malgré ses quelques atouts, n’a pas encore exposé dans ses premiers jets. Espérons simplement que l’enthousiasme de Mamoru Oshii, réalisateur des deux films d’animation adaptés du manga originel, soit partagé par le public lors de la sortie en salle de Ghost in the Shell.