MOONLIGHT
Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte.
Au clair de la lune.
C’est l’histoire d’un homme à trois périodes de sa vie. Durant son enfance, son adolescence, et ses jeunes années d’adulte. D’une étape à l’autre, il est Little, Chiron ou Black. Mais, derrière ces surnoms, qui le héros de Moonlight est-il vraiment ? C’est toute la question que se pose le film de Barry Jenkins, sans apporter de réponse définitive, car le film raconte avant tout la difficulté d’être soi-même. Le gamin chétif, souffre-douleur du collège, se mue en thug baraqué, air mauvais et chaîne en or qui brille. Mais, entre les ellipses, a-t-il tant changé que ça ? Seule constante : son homosexualité tue, cachée, réprimée. L’enfer, c’est le regard des autres. Alors, pour éviter la violence des mots et des coups, le héros de Moonlight adopte les codes de la virilité. Or, cette enveloppe toute en roulement de mécaniques cache des failles et des douleurs qui demeurent. Il est un oxymore : c’est quand il paraît le plus gaillard qu’il s’avère être le plus fragile, et c’est quand il est le plus vulnérable qu’il est le plus digne.
Dès les premières minutes du film, le spectateur est en empathie avec ce héros cabossé. Barry Jenkins prend le temps de planter son décor, celui d’un quartier pauvre de Miami et d’un cadre familial tous deux rongés par la drogue. Voir Moonlight comme un film social serait faire fausse route, et le limiter à sa portée symbolique un an après la polémique « Oscars So White » – le réalisateur et les acteurs sont tous noirs – serait injustement réducteur. Ce long-métrage est d’abord un mélodrame aux images parfois très (trop ?) esthétisantes, qui laisse l’émotion s’immiscer sans hâte, jusqu’à un troisième acte bouleversant dans ces dialogues où les non-dits finissent par laisser la place à la sincérité la plus désarmante. Le héros se révèle alors à autrui en même temps qu’ils semble se révéler à lui-même. Moonlight est une œuvre universelle, qui parlera intimement à chaque spectateur, quelles que soient ses origines, sa couleur de peau, son genre ou son orientation sexuelle. Ce jeune noir, gay, d’un milieu défavorisé, c’est un peu nous, qui ne nous connaissons jamais complètement nous-mêmes.
La fiche
MOONLIGHT
Réalisé par Barry Jenkins
Avec Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes, Mahershala Ali…
Etats-Unis – Drame
Sortie en salle : 1er février 2017
Durée : 111 min
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