LA FORME DE L’EAU | Sublime affiche pour le nouveau conte de Guillermo Del Toro
Qui ?
Guillermo del Toro est aujourd’hui l’un des cinéastes mexicains les plus importants du cinéma contemporain. Dès son premier long-métrage, Cronos (1993), le réalisateur aborde les grands thèmes qui seront les fers de lance d’une œuvre cohérente, film après film, petits budgets comme grosses productions. Le rapport à l’altérité, la déconstruction de la figure du monstre et la cruauté de l’humanité sont autant de thèmes qui, après un second long-métrage horrifique en demi-teinte (Mimic, 1997), se retrouveront dès L’Echine du Diable (2001), premier grand succès de Del Toro. Dans ce film (et dans tous les suivants) ce n’est pas le monstre qui incarne le mal, mais il est, au contraire, le révélateur de la monstruosité de l’humanité. Arrivent ensuite les premières expériences hollywoodiennes du réalisateur, avec Blade 2 (2002) et Hellboy (2004), projet plus personnel que le précédent, auquel il donnera une suite en 2008. Mais la consécration vient avec son sixième long-métrage, Le labyrinthe de Pan (2006), sélectionné en compétition officielle à Cannes et acclamé pendant vingt-deux minutes lors de sa première projection. Le film bénéficie de la liberté totale de son réalisateur/scénariste, et reste à ce jour son plus grand chef d’œuvre. Après le relatif échec d’Hellboy II (2008) et l’abandon du projet d’adaptation de Bilbon le Hobbit de Tolkien (il en sera néanmoins le scénariste), il revient à la réalisation en 2013 avec la superproduction Pacific Rim, hommage aux films kaiju (monstres japonais), qui est un succès mondial. Il produit l’année suivante la série horrifique The Strain (FX), avant d’entamer le tournage de son neuvième long-métrage, Crimson Peak (2015), romance gothique à l’esthétique somptueuse, réalisée avec un budget plus modeste. En 2016, il crée et produit la série fantastique d’animation Trollhunters (Netflix).
Refusant d’attendre plusieurs mois avant de tourner la suite de Pacific Rim, Del Toro délègue la réalisation du film à Steven S. DeKnight, afin de se rabattre sur un projet plus « intime », dans la lignée de L’Echine du Diable ou du Labyrinthe de Pan. Bien lui en a pris, ces deux films restant à ce jour ses deux plus grands chefs d’œuvre.
The shape of water (La forme de l’eau) réunira Sally Hawkins (brillante chez Mike Leigh et Woody Allen), Michael Shannon (Take Shelter, Midnight Special), Richard Jenkins (Six Feet Under, The Visitor et plus récemment dans la série Olive Kitteridge), Octavia Spencer (vue dernièrement dans Les figures de l’ombre de T. Melfi) et l’incontournable Doug Jones (Hellboy I et II, Le Labyrinthe de Pan, Gainsbourg vie Héroïque…).
Quoi ?
Le dixième long-métrage du réalisateur mexicain met en scène, sur fond de Guerre Froide (1963), une histoire d’amour entre une jeune femme muette nommée Elisa (Vanessa Taylor) et un être amphibien (Doug Jones), objet d’expérience retenu prisonnier au sein du laboratoire où travaille l’héroïne, hautement sécurisé et placé sous la surveillance du gouvernement américain. Avec l’aide de sa collègue Zelda (Octavia Spencer), Elisa décide de libérer la créature.
Quand ?
Le film a été tourné à Toronto du 15 août au 6 novembre 2016. D’abord attendu à Cannes, le film sortira aux Etats-Unis le 8 décembre 2017, période de l’année réservée aux films nominés lors des cérémonies de récompense. Une nouveauté pour Del Toro, quelque peu boudé par ces institutions depuis Le Labyrinthe de Pan, lequel avait gagné trois oscars en 2007. Présenté en compétition à la Mostra, The shape of water a permis à Del Toro de décrocher le titre suprême : le Lion d’Or.
Confiant, le distributeur français Fox Searchlight a calé la sortie du film au 21 février 2018.
Pourquoi ?
Outre son casting alléchant, le dernier conte de Guillermo del Toro s’inscrit dans la lignée des « petites » productions du réalisateur, indiscutablement ses meilleures, à l’image de son dernier long-métrage, Crimson Peak (2015).
Véritable maître du fantastique et génie de mise en scène, le risque pour Del Toro reste néanmoins la trop grande prégnance de sa mise en scène sur le film, au détriment du scénario. La prévisibilité de Crimson Peak a été le principal défaut relevé par la critique lors de sa sortie, saluant néanmoins l’aboutissement de la mise en scène. Cela dit, la participation à l’écriture de Vanessa Taylor, certes co-responsable de l’insipide Divergente (2014), mais également scénariste pour Game Of Thrones, laisserait augurer un sens du rebondissement et de l’imprévisibilité qui devrait, on l’espère, faire de ce film un nouveau chef d’œuvre du réalisateur mexicain.