COLOSSAL
Gloria est une jeune new-yorkaise sans histoire. Mais lorsqu’elle perd son travail et que son fiancé la quitte, elle est forcée de retourner dans sa ville natale où elle retrouve Oscar, un ami d’enfance. Au même moment, à Séoul, une créature gigantesque détruit la ville, Gloria découvre que ses actes sont étrangement connectés à cette créature. Tout devient hors de contrôle, et Gloria va devoir comprendre comment sa petite existence peut avoir un effet si colossal à l’autre bout du monde…
Monstrueuse compagnie.
En voilà un film bien difficile à vendre. Tellement difficile que, malgré ses têtes d’affiches attractives (Anne Hathaway, Jason Sudeikis et Dan Stevens, quand même), le nouveau film du cinéaste espagnol Nacho Vigalondo, Colossal, n’a pas les honneurs d’une sortie en salles. Il faudra donc se contenter d’une sortie en e-cinema, ce qui n’implique pas forcément que cela ne soit pas du cinéma. Bien au contraire.
Colossal est un film fou, un mélange improbable entre le « kaiju eiga » (c’est à dire le film de monstres japonais à la Godzilla, auquel Guillermo del Toro a rendu hommage en 2013 avec Pacific Rim), la comédie romantique et le drame indé à la Sundance. Forcément difficile à faire rentrer dans une case à l’heure où le marketing se réfugie avec systématisme derrière les étiquettes.
Attention cependant : si le spectateur moyen s’attend à voir du destruction porn à base de monstres géants se mettant allègrement sur la tronche pendant deux heures, il y a moyen d’être déçu. Car ce n’est pas exactement ce qui intéresse Vigalondo ici ; c’est à travers ces doubles de 30 mètres de haut que se jouent des enjeux bien plus intimes concernant les personnages de Gloria (Anne Hathaway) et Oscar (Jason Sudeikis).
Pendant la première demi-heure, le film ressemble même à une comédie romantique un peu lambda, mais qui petit à petit se retrouverait gangrénée par la folle découverte que fait Gloria en direct devant sa télévision (ce monstre détruisant Séoul, c’est en fait elle qui le contrôle). C’est là que le film prend une tournure totalement différente, transformant ce début de rom-com en duels d’égo pouvant aller jusqu’à la violence la plus extrême.
En creux, il est question de culpabilité liée à l’enfance, de jeux de cours de récré qui ont encore des conséquences des années après sur ses protagonistes. Et le tout se règlera dans un climax visuellement somptueux et devant lequel il n’est pas interdit d’avoir les yeux humides. Oui oui, alors qu’on parle bien d’un film avec Anne Hathaway !
Globalement, le film est surtout intéressant sur son fond plutôt que pour sa forme, celle-ci étant étrangement sage, notamment par rapport à ce pitch totalement dingue. C’est bien la première fois que Vigalondo, cinéaste qui semblait surtout doué pour ses concepts excitants mais dont les films se révélaient finalement décevants (Timecrimes en 2007 et Extraterrestre en 2011 ) voire tout simplement nuls (Open Windows en 2013), parvient à proposer une œuvre qui soit cohérente et dont le concept original tienne du début à la fin.
Colossal est donc un objet hybride, casse-gueule et audacieux. Un OVNI qui tente beaucoup de choses, ne les réussit pas toutes, mais dont l’existence même – à une époque où de plus en plus de films sont inodores et incolores – est à applaudir. Et ce n’est pas parce que vous le découvrirez sur un écran de 13 pouces qu’il y aura de quoi bouder son plaisir.
La fiche
COLOSSAL
Réalisé par Nacho Vigalondo
Avec Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Dan Stevens…
Espagne, Canada – Comédie, science-fiction, action, romance
Sortie e-cinema : 27 juillet 2017
Durée : 90 min
Merci pour la découverte, j’étais complètement passé à côté de la sortie !