ÇA
Fin des années 1980. Plusieurs disparitions d’enfants sont signalées dans la petite ville de Derry, dans le Maine. Au même moment, une bande d’adolescents doit affronter un clown maléfique et tueur, du nom de Pennywise, qui sévit depuis des siècles. Ils vont connaître leur plus grande terreur…
Il est revenu.
Généralement, quand on touche à une oeuvre culte, notamment dans le genre horrifique, il ne faut pas très longtemps pour entendre hurler à l’hérésie (coucou Luca Guadagnino et ton Suspiria !). Andy Muschietti, lui, a eu la chance d’être épargné par les foudres des puristes de Stephen King. Peut-être parce que Ça, considéré comme LE chef d’oeuvre du romancier américain, avait été adapté au début des années 1990 en téléfilm qui, s’il a marqué les esprits, était loin d’être exempt de défauts. Dans Il, Tim Curry, faisait son numéro, mais les allers retours entre les deux époques de l’histoire s’enchaînaient paresseusement et les passages les plus rugueux du roman avait été poncés à la toile émeri puritaine.
L’adaptation pour le grand écran, elle, se concentre sur la jeunesse des héros. L’action se déroule en 1989 plutôt qu’à la fin des années 1950 comme c’est le cas dans le texte d’origine. Un choix, qui a le bon goût d’éviter de surfer en mode aquaplaning sur les clins d’oeil nostalgiques aux eighties (coucou Stranger Things) et laisse augurer d’un second volet dans l’Amérique contemporaine. Ça convoque une bonne poignée des thèmes chers à Stephen King : l’adolescence, la perte de l’innocence, les souffre-douleurs et les brutes… ainsi qu’une galerie de monstres dans tous les sens du terme. Inutile d’attendre de retrouver Pennywise dans les égouts pour frémir, les figures effrayantes et menaçantes, sont aussi celles des semblables – petits caïds et parents abuseurs en pôle position…
Pour la bande de collégiens dont on suit les aventures, les dangers sont partout. Résultat, la tension est quasi-permanente. Andy Muschietti a tendance à en faire des caisses niveau sonore entres bruits stridents, roulements de basses et brusque montée des décibels. C’est dommage car ce n’était pas nécessaire pour mettre les nerfs du spectateur à rude épreuve : les visions horrifiques qu’il égrainent dans le film sont souvent aussi malignes et inventives qu’inattendues. Elles font facilement le job. Si bien que même ceux qui connaissent l’histoire et ont encore le téléfilm bien en tête auront du mal à jouer les blasés. Certes, Ça n’est pas non plus un film punk, mais il fait preuve d’une audace salutaire pour un projet mainstream. C’est toujours ça de pris. ★★ – Fabien R
Contrairement à la mini-série, le film de Muschietti se concentre sur la première partie du roman de Stephen King avec le meurtre du jeune Georgie Denbrough en 1957. Avec ses amis « losers », son grand frère Bill part sur les traces du clown Pennywise, sorte de force démoniaque faisant de la peur son arme la plus redoutable.
En se consacrant uniquement au premier chapitre de la saga – en attendant le second, déjà programmé – l’action se concentre sur la fin des années 80, ce qui ne manque pas de lui conférer une certaine consanguinité avec la très « hype » série Stranger Things (bien que l’oeuvre de King lui soit évidemment antérieure) avec cette bande de pré-ados focalisée autour d’une enquête mystérieuse et paranormale et une forte propension à enfourcher son BMX à la moindre occasion. Pour exacerber cette désagréable impression, les producteurs ont même embauché Finn Wolfhard, l’un des protagonistes de la populaire série Netflix.
Cependant, le recyclage n’est pas, en soi, le principal défaut qu’il serait raisonnable d’imputer à ce reboot cinématographique du célèbre clown tueur, mais plutôt son artificialité passe-partout lui donnant des allures de train(-train) fantôme, pas subtil pour deux (grippe-)sous, parcourant les sentiers balisés de l’horreur à la Insidious, tout en jump-scare et en sound-design. Et lorsque l’on se penche sur la caractérisation des personnages et la peinture de leur back-ground familial, on touche le fond du puits. ☆ – Thomas P.
La fiche
ÇA
Réalisé par Andy Muschietti
Avec Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard…
Etats-Unis – Horreur, épouvante
Sortie : 20 septembre 2017
Durée : 135 min