RIAN JOHNSON | Rencontre avec le réalisateur du nouveau Star Wars
L’ambiance est détendue dans ce grand hôtel parisien. Au milieu des dorures, des tapisseries et des journalistes web et autres blogueurs, s’installent Rian Johnson, réalisateur du nouvel opus de la saga Star Wars (Les derniers Jedi), et Ram Bergman, son producteur attitré depuis son premier long-métrage Brick en 2005. Entre un florilège de questions à la limite de l’adoration religieuse, on a parlé de la recomposition de l’univers de Maître Lucas, de rapport à l’autorité et d’indépendance de l’auteur.
Tant chez les journalistes que les invités, le rapport à la saga tient de la vénération. Pas loin de la sacralité mythologique. Il faut entendre Rian Johnson parler de George Lucas – « j’ai grandi avec son image de héros » – John Williams, auprès duquel il se sent revenir en enfance lorsqu’il l’écoute composer pour son film, et Mark Hamill, pour qui il « ne voulai[t] pas être le jeune con qui le bouleverserait », pour comprendre la relation fétichiste qu’il entretient – tout comme J. J. Abrams pour l’épisode précédent – à l’épopée intergalactique.
Fidélité et réinvention chromatique
Cependant, Rian et Ram ne comptent pas faire un film de fans. Avec son photographe et ami Steve Yedlin, avec qui il a adoré durant leur adolescence L’Empire contre-attaque, dont les couleurs sombres les impressionnaient, Rian a désiré rendre hommage à Lucas tout en s’écartant de son univers visuel, grâce à travers une nouvelle palette chromatique. Deux fans devenus autonomes vis-à-vis de leur icône. Et même si l’équipe « ne [veut] pas décevoir la fan-base », qui impose une lourde pression au projet, Ram explique chercher avant tout à « faire le meilleur film possible » en toute indépendance.
D’indépendance, question il est.
Car d’indépendance au milieu d’une aussi grosse production, question il est. Ram ne désarme pas : si Disney a choisi son compagnon d’armes, c’est en raison de son « don de pouvoir écrire et réaliser », rare à ses yeux dans le petit monde hollywoodien. Une forme de politique des auteurs en plein cinéma de genre, que revendique également Rian ; louant sa « grande liberté dans l’écriture », il explique n’avoir eu pour seule contrainte que le nécessaire raccordement au film précédent. En-dehors de cette continuité narrative, de contrôle de la production sur le tournage, il n’est pas question.
Et puisqu’on parlait de l’auteur, il fallait conclure sur ce que ses précédentes expériences, tant au cinéma que dans les séries, apportaient à Star Wars. À cette dernière question, Rian Johnson répond en revenant à son expérience dans Breaking Bad, qu’il brandit comme modèle de ce qu’il ne faut pas faire dans les univers narratifs. À ses yeux, il avait laissé trop de liberté aux acteurs de la série, dont il estimait qu’ils connaissaient mieux les personnages que lui. Une erreur qu’il n’a pas refait pour Star Wars VIII ; car s’il « prend en cours de route des personnages déjà constitués, c’est pour leur donner une nouvelle direction ».
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