PERMISSION
Anna et Will n’ont jamais connu d’autre partenaires qu’eux deux. Pour être certains de ne pas avoir de regrets, alors qu’ils vont se marier et construisent une maison, ils décident d’un commun accord de briser leur monogamie…
Géométrie sur plans.
Une histoire sans histoires. Voilà comment, à force de raccourcis bienvenus, on pourrait résumer ce Permission sorti directement en e-Cinéma par chez nous. Le pitch pourrait tenir sur un post-it des frères Farrelly : Anna et Will forment un couple éprouvé, émoussé par le rythme du quotidien des classes moyennes et de l’amour par contrat social, sexe expéditif et soirées de comatage devant la télé. Ils ne sont plus amoureux. Ou le sont-ils encore et s’inventent ils un tragique pour faire de leur routine un enjeu ? Difficile à savoir tant Permission est impassible sur sa forme, convenu et prévisible dans son fond. Les voilà donc, comme dans Bon À Tirer (la vanne des Farrelly n’étant finalement plus une vanne), prêts à mettre de côte théoriquement leur exclusivité monogame pour aller jouir ailleurs si j’y suis.
Voilà Permission coincé dans une forme géométrique amoureuse non identifié si ce n’est que tous les côtés ne sont évidemment pas égaux, sans aucune certitude qu’il soit à un moment où à un autre identifiable, d’ailleurs. Mettons immédiatement le cast à l’abri de toute accusation insinueuse : Rebecca Hall (déjà dirigée par le réalisateur-scénariste Brian Crano ici présent sur A Bag Of Hammers), Dan Stevens, Morgan Spector et même Jason Sudeikis n’ont strictement rien à se reprocher, les autres rôles satellites non plus. C’est bien la structure narrative même, d’une politesse injurieuse, vers qui on redirige tous les maux. Elle avance en toussotant d’un élément perturbateur à l’autre, suivant tous les manuels de scénario à la fois, et à la lettre. La mise en scène, proprette et codifiée elle aussi, n’aide pas à trouver les prises d’une originalité quelconque. Il y aura bien quelques plans parfaitement succincts qui susciteront un haussement de sourcil intéressé, mais rien de bien consistant à se mettre sous la dent. Une histoire sans empathie mais sans antipathie non plus, tiède, aussi vite oubliée qu’un lien temporaire. Si vous souhaitez voir un drame sur la redéfinition du couple et de la sexualité, Newness (récemment arrivé sur Netflix) parait un choix un brin plus judicieux.
La fiche