YOMEDDINE
Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne. Vite rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Egypte et affronter ainsi le Monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…
Absent de toutes les listes de pronostics, Yomeddine a créé la surprise lors de la conférence de presse donnée par Thierry Frémaux en gagnant sa place en compétition au nez et à la barbe de cadors de l’exercice (Jacques Audiard, Paolo Sorrentino et tant d’autres) relégués aux oubliettes. Il n’en fallait pas plus pour rêver à un choc semblable au Fils de Saul, dernier « premier film » en date ayant eu les honneurs de la compétition officielle, et l’imaginer comme l’un des potentiels événements de cette 71ème édition.
À l’arrivée, la tiédeur est de mise face à un film minuscule dont la présence en compétition paraît désormais bien difficile à justifier. Si l’on peut tout à fait croire à un réel engouement de la part du délégué général, on y voit surtout un geste symbolique signant la renaissance du cinéma égyptien par le prisme d’une fable voulant dévoiler le visage de l’exclusion. Hélas, les qualités cinématographiques de Yomeddine fondent rapidement comme neige au soleil, si bien qu’il devient complexe de le défendre. La pauvreté de la mise en scène (peu inventive) et d’un scénario où l’excès de bons sentiments guette sans cesse viennent, en effet, handicaper un gentil « feel good road-movie » mettant en valeur ceux dont on détourne le regard au quotidien. Sélectionné dans la section Un Certain Regard, le long-métrage aurait sûrement brillé et ému son audience mais, à un tel degré d’exposition, il prouve, une fois de plus, que les meilleures intentions ne font pas forcément de grands films.
Mise à jour : C’est sans grande surprise que Cate Blanchett et ses camarades n’a pas placé le film au palmarès.