3 FILMS ANODINS DE MAI
MARGIN CALL |
J.C. CHANDLER | USA | 107 MIN | 2 MAI 2012 | KEVIN SPACEY, PAUL BETTANY, JEREMY IRONS |
Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres.
Margin Call raconte l’histoire d’une équipe de traders qui découvre le crash imminent lié aux subprimes. Sur le papier, il y avait de quoi faire un thriller financier assez prenant et efficace. Malheureusement, le synopsis est plus palpitant que le résultat à l’écran. Doté d’un casting assez enviable (Spacey, Bettany, Irons…) et d’un sujet brûlant et actuel, le film manque paradoxalement d’attrait. Terriblement plat et fade dans sa mise en scène, on ne sent (ou comprend) jamais véritablement les enjeux de leur position et de cette crise qui pend(ait) au nez de tous. Le réalisateur débutant J.C. Chandler noie son intrigue et sa tension dans une armée de dialogues évasifs ou trop techniques empêchant le spectateur de s’immerger dans cette ambiance de requins et au final de s’y intéresser. Pourtant les interprètes sont impeccables (du jeunot au grand manitou qui n’entrave rien) et l’histoire bien réelle – cela ne suffit pas à traduire ce sentiment de toute puissance des organismes financiers et des injustices terribles dont ils sont responsables. Loin de moi l’idée de casser ce que la presse a particulièrement encensé ou de porter haut un flambeau d’anti-capitaliste frustré, je dirais que ce Margin Call est un échec. Trop sage et brouillon pour un sujet trop complexe et délicat.
CONTREBANDE |
BALTASAR KORMAKUR | USA | 111 MIN | 16 MAI 2012 | MARK WAHLBERG, KATE BECKINSALE, GIOVANNI RIBISI |
Ancien contrebandier, Chris Farraday s’est construit une vie paisible avec sa femme et leurs deux fils, jusqu’au jour où son jeune et naïf beau-frère Andy manque à ses engagements dans une opération de trafic de drogues montée par le caïd local Tim Briggs. Pour aider Andy à s’acquitter de sa dette, Chris reprend du service et se tourne vers ce qu’il connaît de mieux : la contrebande. Avec l’aide de son meilleur ami Sebastian, Chris s’assure la coopération de quelques relations éprouvées, dont son ami d’enfance Danny Rayner, et élabore un coup qui devra lui assurer des millions en faux billets, contre un simple aller-retour au Panama, ce sous l’œil suspicieux du Capitaine Camp que des antécédents houleux avec le père de Chris rendent d’autant plus méfiant. Mais le danger va commencer à peser sur sa famille, l’opération s’avérant vite être une impasse…
… à l’image de ce film sans imagination. Coproduction anglo-américano-française (qui a bien pu verser un centime là-dessus ? Un fan de Mark Wahlberg ?) et série B complètement assumée pompant directement sur les très réussis polars de James Gray (La nuit nous appartient, The Yards…) et Antoine Fuqua (Training Day, L’élite de Brooklyn…), Contrebande ne réussit même pas sa seule mission : nous divertir. Porté par des acteurs en mode minimum syndical – la plupart sont là pour payer leurs impôts et rester en vue sans trop se forcer – le thriller de Baltasar Kormakur ne vous fera pas le moindre effet. Ainsi, il ne convient même pas pour occuper un dimanche après-midi. Sans aucune inventivité ou surprise, ni bon, ni mauvais, ni intéressant, ni prenant, ce Contrebande aurait dû se contenter d’une sortie direct-to-video. Décidément, ce mois-ci en regorge. Côté casting, rien de surprenant : Mark Wahlberg fait le boulot tandis que Kate Beckinsale joue la maman et épouse apeurée avec un certain naturel (dans les attitudes, pas dans son visage botoxée). Les seconds rôles sont plutôt décevants. Giovanni Ribisi cabotine un peu trop pour faire passer la pilule de la petite brute barbue. Quant à Ben Foster, révélé par la série Six Feet Under il y a presque dix ans, il continue d’accumuler les seconds rôles mineurs dans des productions sans grand intérêt artistique.
Avec Contrebande, le réalisateur islandais confirme qu’il n’est en aucun cas un cinéaste inventif mais simplement un encaisseur de chèque hollywoodien sans aucune démarche artistique.
LA CABANE DANS LES BOIS |
DREW GODDARD | USA | 95 MIN | 2 MAI 2012 | KRISTEN CONNOLY, CHRIS HEMSWORTH, RICHARD JENKINS |
Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois.
Plus sujet à débattre et à diviser, déjà culte pour ton vendeur de vidéoclub, La cabane dans les bois m’a laissé sur une impression mitigée (de la curiosité à la déception amère en passant par un enthousiasme modéré et un espoir croissant). Car il faut l’avouer, l’histoire de La cabane dans les bois part plutôt bien. L’idée est attirante (sorte de machination fumeuse qui vise à piéger une bande de jeunes dans un lieu isolé et de les filmer en train de mourir), l’introduction est intrigante. Ainsi la première demie-heure captive assez bien le spectateur. On suit donc ces cinq étudiants partant faire un break dans une cabane retirée de toute civilisation ou presque (quelle idée franchement). Le spectateur est dans la confession : le joyeux club des cinq (la vierge, la traînée, le beau-gosse viril, le beau-gosse sensible et le glandeur qui fume des joints) est surveillé de très près par un groupuscule gouvernemental qui les suit et les filme en quasi-permanence. L’humour et l’originalité sont au rendez-vous dans cette première partie (merci Joss Whedon) et l’on se prend à voir ce modeste thriller au nom à coucher dehors devenir une bonne surprise – comme le furent par le passé des films tels que Cube ou La dernière maison sur la gauche), malheureusement le film va tomber trop rapidement dans une mécanique essoufflée et réchauffée avant de tourner au vinaigre dans une conclusion apocalyptique – loin d’égaler un Gregg Araki – ressemblant à l’épisode final d’une mauvaise saison de Buffy (non merci Joss Whedon).
L’apparition en guest-star de l’incomparable Sigourney n’y fera rien, La cabane dans les bois se termine par un grand n’importe quoi inimaginable et complètement raté – des effets spéciaux scandaleux : plus ringards tu meurs. Cette conclusion bâclée et bordélique ne laissera que de l’amertume et la déception là où elle aurait pu apporter un peu de légèreté bienvenue. La faute à qui ? Peut-être à un manque de moyens qui rendent le dénouement plus grotesque qu’amusant ou excitant, ou au manque de finesse d’un réalisateur qui n’a su bonifier le sympathique scénario qu’on lui offrait. La cabane dans ton cul au fond à gauche ne sera pas la bonne surprise astucieuse qu’on croyait voir venir mais une gore-story balourde qui tourne au vinaigre et à l’hécatombe monstrueuse.
arf, je n’ai pas vu contrebande, mais je ne suis pas du tout d’accord avec toi pour les 2 autres qui sont à mes yeux 2 grands films !!
Pour moi, La Cabane dans les bois est maladroit dans son final, mais c’est tellement original que j’en ai tout oublié. Pas le film d’horreur de la décennie, ni potentiel membre du top 10 de l’année, mais un bon film qui contient assez de choses pour nous maintenir éveillé tout le long 😀
C’est vraiment du grand n’importe quoi la dernière demie-heure et c’est bien dommage 🙁
[…] CONTRABAND, Baltasar Kormákur […]