VELVET BUZZSAW
La ficheRéalisé par Dan Gilroy – Avec Jake Gyllenhaal, Renée Russo…
Etats-Unis – Thriller, horreur – Sortie (Netflix) : 1 février 2019 – Durée : 112 mn
Synopsis : Beaucoup d’artistes collectionneurs payent beaucoup d’argent lorsque l’art entre en collision avec le commerce. Mais lorsqu’une série de tableaux peints par un artiste inconnu est découverte, une force surnaturelle parvient à s’échapper et cherche à se venger de tous ceux ayant laissé leur cupidité faire obstacle à l’art.
La critique du film
On pouvait difficilement imaginer mieux que Netflix pour produire un film comme Velvet Buzzsaw. À travers sa satire acerbe du marché de l’art contemporain, on ne peut s’empêcher de lire en filigrane celle du cinéma, dont on tuerait progressivement la valeur artistique pour le réduire à un pur objet de consommation, faisant ainsi disparaître avec lui le cinéma « original », le vrai.
Force est de constater qu’il existe une part de vérité dans cette caricature. Après son premier film en 2014, capitalisé en France sur le succès public de Drive et du titre de sa BO, Nightcall, difficile de surfer sur la vague de ses cousins éloignés Nocturnal Animals ou de The Square, dont il partage le sujet mais pas l’étiquette « snob » de cinéma d’auteur. Un « Original Netflix » donc, qui offre l’avantage de toucher un public plus vaste, et dont la présence seule de Jake Gyllenhaal à l’écran permet de susciter la curiosité.
L’art de tuer
Velvet Buzzsaw est avant tout une comédie extravagante, dont l’univers visuel n’est pas sans rappeler celui d’un Jeff Koons, aux couleurs acidulées et décalées. Que ce soit dans les looks aux accents 70’s confrontés aux lignes épurées des maisons d’architectes, le film amène une dimension intemporelle. Peut-être parce qu’il joue avec un macrocosme en dehors de la réalité. Toute la force du long-métrage réside dans sa galerie de personnages, délicieusement détestables et interprétés par une palette d’acteur.ice.s, Gyllenhaal et sa performance cartoonesque en tête.
Moins convaincant lorsqu’il cherche à faire peur, Velvet Buzzsaw se révèle plus efficace lorsqu’il se prend moins au sérieux. C’est dans sa dernière partie, où l’horreur un peu kitch s’assume enfin que le film devient résolument plus fun. Un bain de sang inévitable dont on s’amuse sans pitié, au détour d’une scène étonnante où la figure du critique est tourmentée par ses propres critiques assassines, au point de le rendre fou. C’est une idée géniale que de mettre en scène un art tueur, devenu esclave du monde capitaliste, qui cherche à se faire vengeance tout seul, en réaffirmant son mystère et son caractère insaisissable. Des tableaux tueurs, hantés par un furieux désir d’être à nouveau considéré à leur juste valeur : l’idée est saugrenue sur le papier mais s’incarne avec une étrange facilité à l’écran. C’est une revanche cathartique, puisque toute l’horreur du film s’incarne dans ses personnages, produits capitalistes qui n’existent qu’à travers ses Airpods et un gobelet Starbucks, et aux postures snobs volontairement caricaturales.
Si le film n’est pas exempt de défauts, Velvet Buzzsaw se hisse en haut du panier des productions Netflix. Dan Gilroy n’a sans doute pas eu l’ambition d’un grand film, mais il continue d’explorer son obsession du malaise capitaliste dans un film loin d’être subtil mais résolument barré.
La bande-annonce
Après Night Call en 2014, Dan Gilroy a offert une nomination à l’Oscar à Denzel Washington avec L’affaire Roman J. en 2018. Pour son troisième long-métrage, Velvet Buzzsaw, le scénariste et cinéaste retrouve Jake Gyllenhaal et Rene Russo pour un thriller à la sauce horrifique qui fleure bon le malaise et la tension. John Malkovich, Billy Magnussen, Natalie Dyer et Toni Collette complètent la distribution.