PARIS EST À NOUS
La fiche
Réalisé par Elisabeth Vogler – Avec Noémie Schmidt, Grégoire Isvarine…
France – Drame – Sortie (Netflix) : 22 février 2019 – Durée : 83 mn
Synopsis : Anna rencontre Greg à une soirée. Ils se rapprochent, se dévoilent l’un à l’autre. Un an plus tard, Greg part travailler à Barcelone. Anna décide de le rejoindre. Elle rate son vol. L’avion s’écrase. Prise dans le vertige d’une mort évitée de peu, elle s’éloigne de la réalité et du présent. Alors que son couple se désagrège, Paris devient le miroir de sa détresse
La critique du film
Paris est à nous (anciennement Paris est une fête), c’est l’acharnement d’un quatuor de jeunes artistes à concrétiser un premier long-métrage. Après une campagne de crowdfunding et quatre années de travail, leur projet s’apprête à être vu par le plus grand nombre puisque Netflix a mis le grappin sur celui-ci.
Film symbole d’une génération de passionnés qui a autant de rêves (de cinéma) dans la tête que d’appréhensions face à l’avenir, Paris est à nous reflète une époque où la jeunesse a toutes les raisons d’avoir peur. Dans un Paris anxiogène, où la fête musicale laisse place à la tension des contextes terroristes et de la colère sociale, Anna se cherche alors que tous autour d’elle – dont son petit-ami – la pousse à se trouver une ambition personnelle. Mais comment croire en l’avenir quand la peur risque de nous déterminer ?
Paris brûle-t-il ?
Entre prises de vues quasi-documentaires et séquences plus oniriques, Paris est à nous est une proposition tout à fait singulière qui ne manquera pas de trancher face à des fictions trop souvent génériques. Mélancolique, inquiétante et poétique, cette tranche de cinéma – certes imparfaite – crie sa fougue autant que son incertitude dans un Paris bouillonnant de vie et d’espoir. Si certains seront déroutés par le postulat minimaliste du récit, le film façonné comme un miroir générationnel illustre assez bien les tergiversations de celles et ceux qui (sur)vivent et se demandent quel avenir se bâtir dans ce monde rempli de menaces. Noémie Schmidt (Radin, L’amour flou), presque de tous les plans, devient le magnifique visage d’une jeunesse malmenée entre désespoir et volonté de changement.
Entre rêves et réalité, peur de l’avenir et désirs d’avenirs plus radieux, avec cette envie de se surpasser et de vivre pleinement l’instant présent, Paris est à nous capte un air du temps électrique et parfois suffoquant. À l’heure où les pessimistes clament à tout va que le cinéma est mort et où les anti-Netflix regrettent la qualité de ses productions, la mise en lumière d’une première oeuvre prometteuse apparait comme une éclaircie bienvenue.
