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LES AMANTS DU TEXAS

Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant. Mais quand il y parvient, quatre ans plus tard, le rêve correspond mal à la réalité. En fuite, poursuivi par la police et par les membres d’un gang, Bob peine à rétablir le lien avec sa famille. Ruth est devenue mère et elle ne veut pas d’une vie de cavale : courtisée par un policier attentionné, la jeune femme devra choisir entre le passé et l’avenir.

Envers et contre tout

On ne va pas y aller par quatre chemins et tenter de générer un faux suspense : oui, David Lowery est un surdoué. On le sait un peu plus désormais que l’on a vu le magnifique The Old Man and The Gun (véritable film testamentaire à de Robert Redford) et surtout ce chef-d’œuvre métaphysique qu’est A Ghost StoryOn retrouve d’ailleurs dans Les Amants du Texas (son second long-métrage après St Nick malheureusement invisible chez nous) le duo Rooney Mara/Casey Affleck, dont l’alchimie à l’écran éclate déjà de pleins feux et semble presque évidente.

L’histoire est celle d’un couple qui s’aime malgré les obstacles, et surtout malgré la distance et la loi texane les empêchant de vivre pleinement leur amour. De ce postulat simple voire simpliste d’un amour contrarié, Lowery tisse un poème délicat sur le temps qui passe et la force des sentiments. Autant d’éléments que l’on retrouvera dans ses films suivants (y compris dans son excellente adaptation live de Peter et Elliot le Dragon) et qui forment un ensemble extrêmement beau et maîtrisé, et cela à 33 ans seulement.

Ode à l’amour

Un poème donc, mais traversé de flashs de violence claquant comme des coups de fouets. Car nous sommes au Texas, et Lowery n’oublie ni ses origines ni celles d’un certain genre de cinéma en incluant dans son récit tout ce qui a trait au western, c’est-à-dire le shérif, les bandits, les chasseurs de prime et les duels au fusil. Mais ce n’est pas ce qui intéresse le plus le cinéaste ici, qui fait autre chose qu’un simple hommage au genre ; ce qui l’intéresse avant tout, c’est donc de filmer cet amour indéfectible entre deux êtres, et notamment ce qui peut pousser l’un (Casey Affleck) pour retrouver l’autre (Rooney Mara).

L’amour malgré l’adversité, voilà bien un pitch classique de l’histoire du cinéma, sauf que Lowery le filme avec une extrême délicatesse, donnant au spectateur un sentiment d’être comme suspendu dans le temps et l’espace, le tout soutenu par la sublime partition de son fidèle compère Daniel Hart (que l’on retrouve sur chacun des films suivants du cinéaste) et la photographie élégiaque de Bradford Young.

Les Amants du Texas n’est donc pas qu’un plaisir formel pouvant évoquer tour à tour Jeff Nichols ou Terrence Malick (cinéastes auxquels Lowery fait référence plus d’une fois), mais c’est aussi et surtout une ode à l’amour dans ce qu’il a de plus vibrant. David Lowery sait toucher droit au cœur sans tomber dans l’emphase ni le pathos, ce que la suite de sa carrière ne fera que confirmer.  Il n’y a donc définitivement plus aucun doute : David Lowery est bel et bien un surdoué.


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