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ÇA : CHAPITRE 2

La fiche

Réalisé par Andy Muschietti – Avec Bill Skarsgård, James McAvoy, Jessica Chastain – Epouvante-horreur – Etats-Unis – 11 septembre 2019 – 2h50

27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu’on signale de nouvelles disparitions d’enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d’abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…

La critique du film

Deux ans après Ça : Chapitre 1 qui avait créé la surprise en 2017, devenant l’un des films d’horreur les plus lucratifs de tous les temps, le Chapitre 2 porte en lui toutes les germes pour devenir à son tour un succès planétaire . Par sa communication alléchante et son casting impressionnant, la suite du roman culte de Stephen King promettait un film à la hauteur du premier, si ce n’est plus. On se réjouissait sincèrement de voir un film d’horreur grand public oser explorer le sillon d’une horreur plus intimiste lors du premier épisode, mais il faut se rendre à l’évidence : le second chapitre est un naufrage auquel on assiste impuissant pendant près de trois longues heures. 

Si la vision de Cary Fukunaga imprégnait, malgré son retrait du projet, le premier chapitre, qui alternait entre noirceur et émotion, celle-ci manque cruellement à cette suite. Et pour cause : avec Gary Dauberman aux commandes, à qui l’on doit les plus grands désastres du Conjuring Universe, à savoir La Nonne ou Annabelle, le film se transforme en train fantôme vidé de toute substance. 

La foire du Clown 

Loin de l’horreur psychologique de son prédécesseur qui métamorphose le monde adulte en un cauchemar réel et désespéré, Ça : Chapitre 2 néglige cet aspect au profit de quelques malheureux jumpscares. Si le film s’ouvre pourtant avec une vraie séquence d’effroi, celle d’une agression homophobe glaçante, suivie d’une scène de violence conjugale, le film survole rapidement les questions sociales, et en perd de sa vitalité. Alors que l’enfance était vue sous un prisme désenchanté, sans cesse confrontée à la violence du monde, du slut-shaming au harcèlement scolaire en passant par la maltraitance infantile, le monde adulte n’a dans ce second volet, rien d’autre à offrir que des sursauts gratuits et agaçants. 

ça chapitre 2
Le véritable problème de ce second chapitre réside dans sa gestion de l’effroi. Loin de l’étrangeté instaurée par son prédécesseur, accentuée par la naïveté enfantine des personnages, ce deuxième volet enchaîne les jumpscares calculés sans saveur. La figure de Pennywise, dont le grotesque instaure un malaise à l’écran, disparaît au profit de zombies en tous genres, cachés sous des CGI outranciers et effets stroboscopiques feignants. Les trop brèves apparitions du clown constituent tout de même de très belles scènes horrifiques, renforcées par le magnétisme de Bill Skarsgård.

Le club des ratés

Peu importe de savoir si l’adaptation est réussie ou non, Ça : chapitre 2 souffre de son scénario, naviguant laborieusement entre les différents personnages, auxquels sont ajoutés des sous-intrigues compliquées dont on se passerait volontiers. En ayant découpé la temporalité du livre en deux films, cette seconde partie tombe inévitablement dans une redite du premier. En ressort un rythme bâtard, qui alterne entre véritables scènes du premier film, parfois en version longue, ainsi qu’un remake de celles-ci par le casting adulte. On passe ainsi trois longues heures à voir et revoir des scènes que l’on a déjà vues, reprises pour la plupart à l’exactitude. Si l’on entend bien derrière la volonté de montrer une nostalgie de l’enfance, couplée à la perte de mémoire des personnages, le résultat s’avère bancal et surtout prévisible, étirant ses scènes à l’extrême sans pour autant raconter quelque chose. 

De son casting, Andrès Muschietti ne tire rien. Si l’on doit admettre un choix judicieux des acteur.ice.s dont la ressemblance avec le casting enfant est assez réussie, jamais le Club des Losers ne parvient à retrouver cette même énergie collective. La faute à une écriture inconsistante des personnages, sortes de morts-vivants adultes auxquels on aurait aspiré toute la vivacité. Si le premier film parvenait à éviter certains clichés, ce second volet s’y donne à cœur joie. De la romance fade à un James McAvoy en BMX aux larmes faciles, on assiste malgré nous à un spectacle désolant, qui catapulte ses (formidables) acteur.ice.s droit dans le mur. La tension et l’émotion sont sans cesse désamorcées par un humour lourd, dirigé par Bill Hader, caractérisé uniquement par son comique. On passera volontiers sur une grossophobie crasse, que le premier avait pourtant soigneusement évité. 

Dénué de la magie macabre de son premier chapitre, Ça : Chapitre 2 est davantage un train fantôme qui ravira sans doute les fans du roman culte, en offrant une conclusion tant attendue. Nul doute que le film trouvera son succès en salle, il n’empêche que l’on regrette amèrement ce virage vers un cinéma d’horreur aussi convenu et sans saveur. 



Bande-annonce

Au cinéma le 11 septembre 2019