MUSIC OF MY LIFE
La ficheRéalisé par Gurinder Chadha – Avec Viveik Kalra, Kulvinder Ghir, Meera Ganatra – Comédie dramatique – Grande-Bretagne – 11 septembre 2019 – 1h57
Javed, adolescent d’origine pakistanaise, grandit à Luton, une petite ville qui n’échappe pas à un difficile climat social. Il se réfugie dans l’écriture pour échapper au racisme et au destin que son père, très conservateur, imagine pour lui. Mais sa vie va être bouleversée le jour où l’un de ses camarades lui fait découvrir l’univers de Bruce Springsteen. Il est frappé par les paroles des chansons qui décrivent exactement ce qu’il ressent. Javed va alors apprendre à comprendre sa famille et trouver sa propre voie…
La critique du film
Présenté en avant-première au festival de Deauville, Music of my live (Blinded by the light) est l’adaptation d’un roman inspiré par la discographie de Bruce Springsteen, Greetings from Bury Park. Dans ce récit autobiographique, le journaliste Sarfraz Manzoor (britannique d’origine pakistanaise) raconte son enfance à Luton, en Angleterre, dans les années 80, son rêve de devenir écrivain, ses rapports complexes avec son père et sa passion dévorante pour l’oeuvre du Boss.
Le film de Gurinder Chadha (Joue la comme Beckham) se montre attentif aux différences culturelles et conscient du message à transmettre mais reste finalement assez superficiel dans cette exploration. Pire, à mesure que le film (trop long d’au moins 20 minutes) avance, l’engouement de Javed pour la musique de Springsteen devient de plus en plus agaçante, les scènes musicales, abordées avec une posture théâtrale exubérante et une vision nostalgique doublée d’une esthétique vieillotte, cherchent tellement à embarquer le spectateur que l’on finit par n’y voir que son artificialité.
Trouver sa voix
En dépit de la bande-son entraînante, Music of my life parait triste et monotone, tandis que le scénario déroule un récit paresseux et répétitif. La mayonnaise ne prend pas. Le film finit par devenir l’exemple même de pourquoi on ne peut pas simplement produire un film rempli de chansons populaires et s’appuyer sur une vibe feel-good sans prendre soin de bâtir un scénario réfléchi pour faire jaillir une émotion sincère. Pis, il demeure regrettable que le film ait choisi de survoler les aspects les plus intéressants de la culture pakistanaise et des divergences intergénérationnelles. Derrière le repli du culture du père, il y avait matière à évoquer la menace que peut représenter la culture américaine sur les modes de vie traditionnels. Au lieu de cela, la majeure partie du film n’est qu’un gigantesque hommage béat à Bruce Springsteen qui ferait passer ses adorateurs pour de véritables nerds.
Quelques semaines après Yesterday de Danny Boyle, Music of my life loupe le coche dans de grandes largeurs. Daté, peu inspiré et très redondant, il est loin d’insuffler la bonne humeur qu’il vise et ressemble surtout à une écoute contrainte et interminable d’un best-of du Boss.