COMPLIANCE
CRAIG ZOBEL | USA | 90 MIN | 26 SEPTEMBRE 2012 | ANN DOWD, DREAMA WALKER, PAT HEALY |
Lors d’une journée particulièrement chargée, Sandra, gérante d’un fast-food d’une banlieue de l’Ohio reçoit l’appel d’un policier accusant l’une de ses employées d’avoir volé un client. Le croyant sur parole, Sandra place Becky sous surveillance, entrant ainsi dans une situation qui va bientôt tous les dépasser.
Le fait divers a la côte. Que ce soit dans les médias avec un battage de plus en plus important tant dans la presse écrite qu’à la télévision ou que ce soit au cinéma avec une profusion de scénarios s’inspirant de près ou de loin de faits réels ayant défrayé la chronique.
C’est le cas de ce Compliance, présenté à Deauville début septembre et passé précédemment par Locarno et Sundance. Ce petit film indépendant US est un quasi huis-clos se déroulant dans l’arrière-boutique d’un fast-food américain spécialisé dans le poulet (evil!). Par un coup de fil, un homme se présentant comme l’Officier Daniels demande à la responsable de placer en isolement une de ses employés suspectée de vol. Très vite, il demande l’assistance de cette gérante en attendant l’intervention policière de ses collègues qui ne sauraient tarder.
Douter de la crédibilité de Compliance est à double tranchant. D’un côté, il y a la réalité : 70 cas similaires ont été recensés aux USA au début des années 2000. De l’autre, il y a la fiction et cette reconstitution libre d’un de ces cas d’abus par le scénariste et réalisateur Craig Zobel. Si la réalité est plus que troublante et rappelle immanquablement la célèbre expérience de Milgram sur le rapport à l’autorité, l’obéissance et assujettissement, la fiction est plus discutable et manque de percussion. Les interprètes sont pourtant plutôt justes dans leurs rôles respectifs et la mise en scène se veut plutôt soignée et sans chichis. Toutefois la construction du scénario et des dialogues peinent à nous faire croire que ce que l’on voit est véritablement arrivé. Au final, on trouve la séquence de conclusion bien plus éloquente que l’ensemble du film.
Compliance est donc plus intéressant sociologiquement que scénaristiquement (tant pour ce qu’il se passe sur l’écran que dans la salle pendant la projection) nous rappelant que l’homme est capable de mettre sciemment son libre arbitre de côté lorsqu’une autorité qu’il juge légitime va lui dicter une conduite pourtant très douteuse. Sans faire de parallèle idiot avec des faits historiques du XXe siècle, la défense bien connue du « j’ai fait ce qu’on m’a dit de faire » trouve ici une nouvelle illustration. Réaction humaine arguera t’on. Comme celle qui pousse les spectateurs du film à glousser devant une femme subissant des sévices psychologiques et sexuels ? Quelle(s) conclusion(s) tirer sur l’humain ? Y répondre serait présomptueux voire misanthrope. Je garderais mon opinion pour moi. Faites vous la votre.
COMPLIANCE ●● |
Je vois que l’on pense la même chose, que l’on a les mêmes références, et la même expérience de spectateur. Le film aurait pu être mille fois mieux, mais a le mérite d’exister. S’il peut faire réfléchir quelques bourrin-e-s, alors, cela n’aura pas été vain. 🙂
Tu es optimiste Fab ^^
Gros coup de cœur pour ce film en ce qui me concerne. Le fait que tout ce qui est décrit dedans se soit réellement passé lui donne beaucoup d’impact et fait pas mal réfléchir. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de voir quelques reportages sur le sujet et le réalisateur n’a vraiment rien inventé, l’ensemble est extrêmement fidèle à la réalité. Bref, un excellent film pour moi même si je comprends tes réserves 😉
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