ADULTS IN THE ROOM directed by Costa Gavras

ADULTS IN THE ROOM

Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Alexis, Yanis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion. Là où vont se mettre en place des moyens de pression pour diviser les deux hommes. Là où se joue la destinée de leur peuple. Une tragédie grecque des temps modernes…

Critique du film

Dernier film à ce jour de Costa Gavras, Adults in the room est la reconstitution de la tentative désespérée de Yanis Varoufakis, ministre grec des finances fraîchement nommé en 2015, pour sauver son pays. Pays étranglé par une dette pharaonique de 320 milliards d’euros, absolument impossible à rembourser et que les précédents gouvernements ont laissé se développer. La Nouvelle Démocratie (Droite) et le Pasok (Socialiste) ont en effet vu leur pays s’enfoncer dans un gouffre économique alors que des pays comme la France et l’Allemagne vendaient leurs industries de guerre ou automobile à un pays qu’il savaient en grand danger, car surendetté à un niveau record.

Conscient que l’Union Européenne contraint la Grèce à contracter de nouveaux emprunts très lourds pour pouvoir continuer à rembourser et la condamne à un cercle vicieux, Yanis Varoufakis apparaît comme un héros antique. Car opposé à des forces déloyales et au double discours. En dehors de ses compatriotes, il ne rencontre que des interlocuteurs dont la duplicité n’a d’égale que le manque d’humanité.

Costa Gavras nous entraîne dans les coulisses de négociations, des tractations. Sa mise en scène s’efface derrière le sujet et reste très sobre. Adults in the room allie la description clinique d’un documentaire (On y croise des personnalités politiques comme Christine Lagarde, Michel Sapin ou Emmanuel Macron, entre autres) et le suspense d’un thriller. Très tôt, on sait, comme le protagoniste principal qu’une grande partie des jeux sont faits, car les dés sont pipés. Mais on espère avec Varoufakis que l’issue du combat sera positive.

Les interlocuteurs du protagoniste, qu’ils soient hommes politiques, membres de la Commission Européenne ou de l’Eurogroupe, tous font preuve de cynisme et d’hypocrisie. Le visage convivial devient menaçant et le sourire qu’on présente en privé devient carnassier lors des conférences de presse. Le film tient aussi de la farce. Les hauts fonctionnaires et les personnalités politiques sont ici dénués de tout prestige et de toute dignité.

Si on peut regretter un certain manichéisme et quelques rares maladresses, le film reste une œuvre très convaincante et essentielle pour comprendre la crise grecque, mais aussi, de manière plus générale, les décisions qui se prennent dans les antichambres du pouvoir politique et économique. 

Bande-annonce

 


Diffusé le 29 avril à 20h50 sur Ciné+