LA NUIT VENUE
Paris, 2018. Jin, un jeune immigré sans papiers, conduit chaque nuit un VTC pour le compte de la mafia chinoise. Ses courses sont rythmées par une électro sophistiquée, vestige de son passé de DJ à Pékin.Une nuit, Naomi, une strip-teaseuse et call-girl envoûtante, monte à bord de son taxi. Intriguée par le mutisme et l’aura de Jin, transportée par sa musique, elle décide d’en faire son taxi attitré. Au fil des courses nocturnes, l’histoire d’amour qui se noue entre eux pousse Jin à enfreindre les règles du milieu.
Critique du film
En cet été si particulier, les salles de cinéma ne font malheureusement pas le plein, désespérées de ne pas voir venir les mastodontes hollywoodiens pour drainer un public conséquent. Pourtant, quelques pépites viennent illuminer cette saison morose (Never rarely sometimes always et Light of my life, bientôt, mais aussi Madre, déjà à l’affihe). La nuit venue fait partie de ces découvertes estivales qu’il serait opportun de découvrir alors que les chaleurs écrasantes peuvent constituer une raison supplémentaire de soutenir les exploitants, comme les distributeurs, inquiets de chiffres décevants.
Tourné avec un budget réduit (moins d’un million d’euros), La nuit venue lorgne vers d’illustres aînés comme Taxi driver (référence assumée par son auteur) mais aussi Collatéral, Locke ou Drive, dans la Ville Lumière qui ne dort jamais, Paris. Héros mutique, dam’selle en détresse, mafia locale… Le film noir de Frédéric Farrucci use à merveille de son atmosphère urbaine où déambulent deux êtres perdus, solitaires, à qui la vie n’a pas épargné grand chose. La bande-son électronique de Rone vient sublimer l’errance de ses deux âmes qui se rencontrent et cherchent désespérément une échappatoire.
Pour sa première réalisation, Farrucci signe un film élégant, sensuel et mélancolique, qui ne concède pas à son esthétique la cruauté existentielle de ces oubliés qui (sur)vivent la nuit quand la majorité a les yeux paisiblement fermés.
Bande-annonce
15 juillet 2020 – De Frédéric Farrucci, avec Guang Huo, Camélia Jordana