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ONLY YOU

Alors qu’elle rentre un peu éméchée de sa soirée du nouvel an, Elena a une altercation avec Jake, qui convoite le même taxi. Ils sont alors loin d’imaginer qu’entre eux débute une histoire passionnée…
Fous amoureux l’un de l’autre, ils sont vite rattrapés par la réalité : quand on a dix ans d’écart et des rêves plein la tête, on ne doit pas brûler toutes les étapes. Leurs sentiments résisteront-ils au tourbillon de la vie ?

Critique du film

Attendu depuis sa présentation au festival de Dinard où il avait attiré notre attention et obtenu le Prix de la Critique, Only you de la britannique Harry Wootliff se sera fait désirer longuement avant de nous parvenir dans l’hexagone, malheureusement sans passer par les salles obscures. Sa sortie vidéo, chez Condor, en plein confinement, lui offre pourtant une belle opportunité de découverte – alors que chacun se retrouve assigné à son canapé et son petit écran – pour continuer de s’abreuver de belles parenthèses cinématographiques.

Drame romantique intime et déchirant, Only you se distingue nettement dans un genre parfois décevant où les intrigues se traînent paresseusement dans une narration convenue au dénouement prévisible. Pourtant, certaines romances cinématographiques fonctionnent, autour d’un drame astucieusement travaillé et d’une observation humaine subtile, parce que l’on connecte avec le couple central ou grâce à la synergie opérant entre les deux interprètes, apportant la crédibilité nécessaire à l’histoire d’amour qui se joue à l’écran. Only you profite de tout cela et mérite clairement de ne pas s’arrêter à son titre un peu guimauve qui prendra pourtant tout son sens au fil du récit.

Prendre ta douleur

Dans un Glasgow aux couleurs d’un automne qui n’en finit plus, Laia Costa et Josh O’Connor élèvent cette étude de personnages de très respectable à pleinement poignante. La connexion parait immédiate entre les deux protagonistes grâce à l’interprétation naturelle des comédiens. La merveilleuse Laia Costa, qui crevait l’écran de façon éblouissante dans Victoria, livre une nouvelle prestation intense qui ne manquera pas de rappeler celle d’Adèle Exarchopoulos dans La vie d’Adèle tant l’émotion qu’elle transmet déchire le cœur. Face à sa partenaire, tantôt sensuelle et craquante, tantôt fragile et pleine d’incertitudes ou de culpabilité face à son incapacité à tomber enceinte, Josh O’Connor (Seule la terre) trouve un bel équilibre entre charme, douceur et impétuosité d’abord, puis entre fragilité, courage et désarroi.

Only you

Mais le film marque également des points dans le traitement de ses sujets de fond, visiblement inspirés du vécu de la réalisatrice elle-même, qui apporte sa vision féminine et personnelle à des questionnements qui feront écho à de nombreux trentenaires.

Les histoires d’A.

La différence d’âge entre Jake et Elena créé, tout d’abord, une dynamique non conventionnelle – d’autant plus dans le domaine du cinéma – qu’Only You explore avec esprit et candeur, avant de faire naître ce sentiment d’urgence qui va venir gangréner leur histoire au point de transformer un désir en souffrance. Harry Wootliff ne traite aucun de ses personnages avec condescendance, traduisant remarquablement la douleur intime et sociétale d’Elena comme la volonté soutenue de son compagnon au soutien presque infaillible.

L’angoisse de lutter pour réussir quelque chose – une grossesse -, apparemment si naturelle pour d’autres, est remarquablement dépeinte ici. Les détails prennent toute leur importance. Pour Elena et Jake, un verre de vin ou une cigarette lors d’une soirée n’est plus un signe de célébration mais bien celui d’un autre mois d’échec dans leur projet. Alors que leurs proches évoquent leurs propres grossesses ou prennent soin de leur nouveau-né, Elena se sent légitimement de plus en plus isolée, incomprise, peinée et anormale, comme indigne de devenir mère à son tour. En couple, Elena et Jake ne trouvent que le reflet de leur propre malheur durant leurs soirées conviviales ou à la vue d’une jeune famille jouant dans la cour de leur immeuble.

Même si le film souffre dans sa deuxième partie de quelques défauts du mélodrame et d’un épilogue touchant mais expédié, le premier long-métrage d’Harry Wootliff touche en plein cœur dans l’exploration d’une question personnelle et vise juste pour évoquer certaines vérités universelles sur les relations humaines. Porté par un tandem de comédiens à l’alchimie miraculeuse, cette histoire d’amour rappelle que la romance ne mène pas à une vie idéale mais à un partenariat entre deux personnes qui grandissent ensemble dans le bonheur comme dans la souffrance.

Bande-annonce

Disponible en vidéo le 13 novembre chez Condor films


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