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OVNI(s)

En 1978, Didier Mathure, brillant ingénieur spatial, voit son rêve partir en fumée lorsque sa fusée explose au décollage. Alors qu’il pensait avoir touché le fond, il est muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les ovnis géré par une équipe qui donne effectivement l’impression de vivre sur une autre planète. 

Critique de la série

Apparaissant d’abord comme une série gentiment absurde au look vintage, OVNI(s) s’avère rapidement bien plus intéressante que ça. Des jalons historiques finement incorporés au récit, une direction artistique soignée et un casting parfait en font même la divine surprise de ce début d’année.

Ton décalé, faux rythme, esthétique rétro, les deux premiers épisodes peinent à convaincre pleinement mais il faut absolument persévérer pour goûter peu à peu les aventures de Didier Mathure, ingénieur aérospatial en déroute, condamné au purgatoire du GEPAN (Groupe d’Etudes sur les Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés). 

Reposant sur la friction entre science et croyance, la série exploite une tension qu’elle fait rapidement exploser en une suite de péripéties d’un scénario tout en maîtrise débridée.  Sous le vernis de la fantaisie nombre de sujets sérieux, voire graves, tissent un sous texte profond qui agit comme contrepoint à la comédie : l’échec, l’ambition sacrifiée des femmes, la maladie (du Commandant Delbrosse), la dépression…

Commencé avec la trajectoire foudroyée d’une fusée, le récit ne cesse d’évoquer des parcours chaotiques, non linéaires. Enchevêtrement de lignes brisées, OVNI(s) est une vraie comédie qui représente avec tendresse une humanité reliée par ses petites faiblesses. Frivole en apparence, la série développe néanmoins un bel éloge du doute à travers les difficultés sentimentales, les carrières erratiques, l’oscillation entre raison et apparitions.

OVNI(s) série Canal

Les deux scénaristes, Clémence Dargent et Martin Douaire, issus du département « séries » de la Fémis, se sont amusés à concevoir une histoire originale saupoudrée de jalons historiques réels. On y croise Jean-Claude Bourret et Raël comme pour rappeler que l’ufologie a vécu sa meilleure vie dans les années 70 et 80. On y voit également la naissance d’E.T. lors d’un étonnant repérage de Steven Spielberg dans les bureaux du GEPAN. 

La série procède presque par collages pour faire émerger un humour empreint de surréalisme au milieu duquel les acteurs semblent beaucoup se divertir. En tête de ce casting parfait, Melvil Poupaud, mi-Cary Grant, mi-Tom Selleck (de l’importance de la moustache !) joue avec délectation le docte scientifique qui voit son autorité et ses certitudes se lézarder. Autour de lui, Michel Vuillermoz, Daphné Patakia et Quentin Dolmaire composent un brelan d’astres lunaires, personnages hauts en couleurs auxquels ils apportent une sincérité touchante. Géraldine Pailhas et Nicole Garcia complètent la distribution sans faute.

Antony Cordier, réalisateur de trois longs métrages en douze ans, dont le très réussi Gaspard va au mariage (2017) s’est piqué au jeu de la série avec gourmandise. Outre une direction d’acteur parfaitement juste, il traite par l’image le choc ontologique que représente pour Didier Mathure, son arrivée à la tête de l’équipe de doux dingues du GEPAN. Entre reconstitution d’époque et style BD, le cinéaste joue sur les registres esthétiques. Le sérieux scientifique du CNES, d’un côté, cadres sages et couleurs neutres, le bureau du GEPAN de l’autre, plans déstructurés et explosion de couleurs. Au milieu, la cellule familiale déséquilibrée par une séparation et deux enfants qui sont pour Didier, les vrais ovnis de son existence. 

Chic et pop, OVNI(s) se balade, l’air de rien, aux confins de l’incertitude. La série se dévore comme une bonne BD.


Disponible sur MyCanal – Diffusion TV le lundi soir sur Canal+