MADAME CLAUDE
L’histoire vraie de Madame Claude, patronne d’un réseau de call girls qui « exercent » leurs talents pour de hauts dignitaires et fonctionnaires du gouvernement. Certains d’entre eux vont subir un chantage, car David, photographe de métier, possède des images de ces messieurs et dames dans des positions compromettantes.
Critique du film
Troisième film de Just Jaeckin, après Emmanuelle et Histoire d’O, Madame Claude, réalisé en 1977, est l’adaptation du récit « Allo oui » ou les mémoires de Madame Claude de Jacques Quoirez, à travers un scénario signé André-Georges Brunelin, important critique de cinéma qui contribua au développement des ciné-clubs en France et signa, entre autres scénarii, ceux des films La Traque de Serge Leroy et Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini. Outre un script intéressant, bien construit, le film offre une très belle photographie de Robert Fraisse, collaborateur régulier de Just Jaeckin, une musique de Serge Gainsbourg et un casting qui réunit autour de Françoise Fabian, parfaite en Madame Claude, Murray Head, Klaus Kinski, Maurice Ronet, Dayle Haddon et beaucoup de seconds rôles du cinéma français de cette époque, comme François Perrot, André Falcon ou Roland Bertin.
L’argent achète tout
Relatant une histoire de chantage, de manipulation et d’espionnage, nous emmenant aux Etats-Unis, mais aussi à Bagdad et à Paris, Madame Claude est certainement le meilleur film de son réalisateur, aussi sculpteur et photographe. Avec son esthétique années 70, ses décors luxueux et son érotisme chic et un peu suranné, il s’agit d’un mélange de genres assez réussi, brassant espionnage, machinations politiques et description d’un monde se voulant respectable et distingué, alors qu’il fait appel à des méthodes de barbouzes ou de gangsters. Madame Claude bénéficiait de protections haut placées et ses liens avec le gouvernement français et ses services secrets ne sont plus un secret.
« La vie n’est faite que de mensonges, de trahisons, l’argent achète tout » clame le personnage de Klaus Kinski qui ne supporte pas la sensibilité de son fils, interprété par Pascal Greggory, dans un de ses tout premiers rôles au cinéma. L’univers que nous dépeint Just Jaeckin repose uniquement sur des relations de pouvoir, de domination et de destruction.
Près de 45 ans après sa sortie et à une époque où on ne réalise plus vraiment de films érotiques en France ou dans beaucoup d’autres pays – sûrement parce que la censure étant plus souple le sexe et sa représentation ont envahi tous les styles de films – Madame Claude tient plutôt bien la route pour ses qualités esthétiques et son intrigue politico-policière.