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VENT CHAUD

Sandro travaille au département ressources humaines d’une compagnie minière. A la fin de la journée il retrouve son collègue Ricardo dans la forêt avoisinante où ils ont des relations sexuelles. Régulièrement il se rend à la piscine où il fantasme sur le beau Maicon qui ne le remarque pas. Lorsque celui-ci commence à travailler dans la même compagnie, le désir de Sandro se transforme en obsession, et cela empire lorsqu’il apprend que Ricardo et Maicon ont une aventure

Critique du film

Si le nom de Daniel Nolasco est confidentiel en France, il incarne pourtant une figure montante du cinéma brésilien queer. Après un premier documentaire Mr Leather, qui explorait le milieu cuir au Brésil, Daniel Nolasco offre un nouveau long-métrage érotique Vent Chaud, passé par la Berlinale 2020. 

Dès son ouverture, Daniel Nolasco plante le décor. Au milieu d’une piscine municipale, la caméra scrute chaque entrejambe, chaque torse suintant, sculptant les corps masculins tel des dieux du stade. Embrassant le regard de Sandro, ouvrier quarantenaire solitaire, Vent Chaud se vit comme une odyssée sexuelle, explorant les désirs et les fantasmes de son monsieur-tout-le-monde. 

Vent Chaud est une proposition particulièrement audacieuse – provocante diront d’autres -, qui scandalise autant qu’elle intrigue. Un film érotique – porno même –  gay en somme, n’ayant pas froid aux yeux dans son exploration du désir sexuel, mais qui n’omet jamais une part de tendresse. Si la notion de male gaze est désormais ancrée, Daniel Nolasco se tourne lui vers un gay male gaze

La douceur du queer

Chaque recoin de l’image transpire le sexe et déborde de formes phalliques, témoignant ainsi de l’obsession sexuelle de Sandro. Vent Chaud navigue entre fantasme et réalité, offrant généreusement une photographie léchée, entre néon élégant et inspiration pop. La nudité inonde le récit, dévorant du regard la peau et les corps. Les scènes de sexe sont non-simulées et d’une frontalité déroutante. Si leur fonction est purement érotique, Daniel Nolasco ne verse pas dans l’obscénité. Pas question de découper mécaniquement les corps mais bien de laisser l’acte se dérouler dans un cadre fixe, et toujours soigné. 

Non seulement érotique, mais aussi ludique : Daniel Nolasco s’amuse à convoquer des caricatures gay tout au long de son film. Policier, nageur, cow-boy et glacier semblent tout droit sortis de l’imaginaire de Tom of Finland, croisés aux bikers vêtus de cuir de Scorpio Rising. A la réalité ennuyeuse de la vie ouvrière, Sandro se projette dans un monde de fantasme et de plaisirs, à l’esthétique colorée, où il vient assouvir ses propres fétiches. L’exploration sexuelle s’accompagne d’une quête et d’une affirmation de soi, toujours avec bienveillance, malgré la brutalité de certaines scènes de sexe. 

Daniel Nolasco regarde avec tendresse ses personnages, auxquels il offre une émancipation à travers le sexe. Le dernier acte de Vent Chaud se pare d’une douce mélancolie, traversé par des instants plus tranquilles à l’image de cette jolie scène de fête foraine. Difficile de ne pas y voir un véritable pied de nez aux positions homophobes de Bolsonaro. Vent Chaud est un film érotique gay assumé, traversé par une liberté aussi créatrice que sexuelle; un objet résolument pop et irrévérencieux. 

Bande-Annonce

           11 août 2021 – De Daniel Nolasco, avec Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana et Renata Carvalho


Présenté au festival Chéries-Chéris