CONJURING 3 : SOUS L’EMPRISE DU DIABLE
Critique du film
Troisième volet de la franchise Conjuring et nouvel opus des aventures censées être authentiques des époux Warren, Conjuring 3 : sous l’emprise du diable débute en convoquant des références à L’Exorciste de William Friedkin : silhouette de prêtre devant une maison, enfant possédé qui devient le jouet de contorsions physiologiquement impossibles et protagoniste se sacrifiant en intimant au démon de le prendre pour sauver la jeune victime. Cette trilogie ne parvient jamais à atteindre ce que Friedkin arrivait à faire passer : quelque chose de vraiment dérangeant et obsédant même après la libération de la jeune Regan. Chez Friedkin, finalement, il y avait un véritable trouble : est-ce réel, est-ce un problème psychique ? Et le film avait son lot de victimes collatérales. Ici pas d’ambiguïté. L’amour est plus fort que tout. Et la famille aussi. C’est très américain, très efficace, mais c’est du cinéma moins adulte que ne l’était le film choc de 1973.
Cela n’empêche pas Conjuring 3 : sous l’emprise du diable d’être une réussite du film d’horreur mainstream. On est certes dans une surenchère qui frise parfois le grand guignol, mais on est pris par l’histoire et l’atmosphère. Cela manque peut-être d’un peu d‘humour, de second degré, mais le cahier des charges est respecté : apparitions démoniaques réussies et effrayantes, effets sonores très impressionnants, une angoisse qui monte crescendo et des scènes fortes – la visite chez le Père Kastner, la séance médiumnique au funérarium, la confrontation finale. Avec aussi quelques spécificités pour justifier un nouvel opus : l’enjeu de la défense d’un homme coupable de meurtre – la possession démoniaque peut-elle être considérée comme une circonstance atténuante ? – et ici le couple Warren – toujours joué par Vera Farmiga et Patrick Wilson – est particulièrement visé par les forces du Mal. Ed Warren risque ici sa santé, non seulement physique puisqu’il commence à avoir des problèmes cardiaques, mais aussi sa santé mentale et son âme.
Le film joue habilement avec les nerfs des spectateurs. Rien de fondamentalement nouveau dans le dispositif mis en place mais pourquoi changer une recette qui fonctionne ? Les personnages de l’occultiste et du Père Kastner sont très bien interprétés par Eugenie Bondurant et John Noble, le grand huit émotionnel nous en fait voir de toutes les couleurs. Cette histoire de malédiction et de rituels sataniques ne démérite pas et s’avère au final plutôt réussie, même si on aurait souhaité que le personnage de l’occultiste soit plus écrit.
Bande-annonce
9 juin 2021 – De Michael Chaves, avec Patrick Wilson, Vera Farmiga