ANIMAL
Critique du film
Après le beau succès de son documentaire Demain, co-réalisé avec Mélanie Laurent et récompensé aux César, le militant écologiste Cyril Dion continue de faire du cinéma un média important pour éveiller les consciences, alerter sur la situation actuelle et propager des motifs d’espoir. C’est fort logiquement que son nouveau documentaire était présenté au festival de Cannes dans la rubrique spéciale « Le cinéma pour le climat » instaurée par Thierry Frémaux.
Animal suit deux adolescents, Bella et Vipulan, très engagés pour la cause climatique et le bien-être animal depuis plusieurs années. Prenant part aux mouvements de la jeunesse visant à inciter les gouvernants en place à prendre la mesure de leur responsabilité, ils n’ont ensuite pas hésité à participer à des actions de désobéissance civile et à collaborer avec plusieurs ONG… Sauf qu’ils réalisent que cela ne suffit pas et que les politiques et industriels ne semblent pas résolus à répondre aux enjeux inquiétants autour de l’avenir de la planète, et de l’humanité toute entière.
Sollicités par Cyril Dion, ils ont alors essayé de remonter jusqu’aux causes de cette crise sans précédent qui est en train de nous conduire à une sixième extinction de masse, qui a déjà éliminé 60% des populations d’animaux sauvages vertébrés en moins de quarante ans et 80% des insectes volants en Europe, et qui pourrait bien causer notre perte si l’on ne réagit pas rapidement. Au coeur de ce constat alarmant, notre relation au monde vivant et à notre propre animalité s’affirme comme essentielle.
À la poursuite de Demain
Andrea Arnold avait déjà asséné le premier coup de poing à Cannes avec Cow, pointant du doigt la cruauté avec laquelle les vaches d’exploitation sont traitées et sacrifiées sur l’autel de l’industrie agro-alimentaire. Parce qu’il faut bien nourrir les plus de sept millards d’êtres humains, le système actuel s’emballe autour d’une surproduction qui laisse à penser que chacun pourrait accéder à n’importe quelle denrée, en quantité illimitée, dans la lignée d’un capitalisme américain qui ne lésine pas sur le XXL. Cyril Dion et ses deux jeunes collaborateurs, les épatants de conviction Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran – qui n’ont presque plus rien à envier à l’icône générationnelle Greta Thunberg -, partent donc à la rencontre d’activistes et de biologistes reconnus pour tenter de comprendre ce qui se trame sur notre planète et tenter de trouver des solutions pour l’avenir.
Rapidement, ils découvrent que les animaux disparaissent pour cinq grandes raisons : le changement climatique, la propagation de maladies (notamment via le commerce et le tourisme internationaux), la pollution bien sûr, mais aussi la surexploitation et la destruction de l’habitat des animaux, contraignant les espèces sauvages à se rapprocher des zones urbaines et entrainant la circulation de nouveaux virus, tels que le SRAS et… le COVID-19.
Comme pour Demain, Cyril Dion souhaitait faire d’Animal un film de cinéma, soignant son esthétique autant que sa narration et sa portée émotionnelle. Ne se contentant pas uniquement de sa vocation pédagogique, il propose une immersion dans quelques lieux de pouvoir où se prennent les décisions, mais aussi dans des espaces où la vie sauvage résiste ou renaît, sous l’impulsion de certains hommes et femmes admirables. L’homme est un fléau pour l’Humanité, autant que pour la faune et la flore, mais il peut aussi être la solution puisqu’il dispose de nombreuses ressources et options ayant fait leur preuve.
Cri d’alerte, testament de foi de deux jeunes gens magnifiquement représentatifs d’une génération qui refuse de se taire et de fermer les yeux, Animal est aussi porteur d’espoir pour que l’histoire de demain s’écrive sur des chapitres plus optimistes où l’on pourra réparer certaines erreurs des dernières décennies et offrir un monde meilleur, écologiquement viable, aux générations futures.
Bande-annonce
1er décembre 2021 – Réalisé par Cyril Dion