OLD
Critique du film
Après Glass, qui faisait suite à Split, M. Night Shyamalan adapte avec Old le roman graphique Château de sable de l’écrivain français Pierre-Oscar Lévy et de l’illustrateur Frederik Peeters, une parabole existentielle teintée de fantastique et de surréalisme. Spécialiste des « films à pitch », Shyamalan embarque ses protagonistes sur une plage où le temps est accéléré. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Ont-ils été choisis par hasard ? Quel est l’objectif de Warner & Warner, l’entreprise qui leur a offert le séjour, et celui du responsable qui leur a proposé une excursion sur cette crique isolée ?
Pas le temps de se poser la moindre question tant les rebondissements se succèdent à une vitesse vertigineuse. Old ne tient pas en place et la caméra gesticule sur le sable tel un enfant hyperactif qui n’aurait pas reçu son traitement. Plutôt que de s’intéresser aux thématiques de l’oeuvre qu’il porte à l’écran, Shyamalan se contente d’éliminer un à un les vacanciers qui montrent tour à tour des signes manifestes de dégradation de leur santé, mentale ou physiologique. Jamais le réalisateur ne semble se soucier de la dramaturgie de son récit. Il enchaîne les péripéties en singeant ses effets de mise en scène, tandis que ses comédiens récitent leur texte sans conviction, pas aidés par des dialogues d’une idiotie effarante.
Habité par son désir de spectacularité, il en oublie surtout de laisser à certaines séquences au potentiel intéressant le temps d’instaurer un quelconque malaise (ou une ébauche de réflexion) et de laisser jaillir la moindre empathie. Ainsi, les effets de cadrage tape-à-l’oeil, plutôt que de jouer les cache-misères, accentuent la désagréable impression que le film n’a que faire de ses personnages. En sacrifiant la dimension psychologique de son huis-clos, le réalisateur d’Incassable se laisse emporter par la vague de ses pulsions filmiques pour se briser le dos sur les rivages du nanar horrifique.
Bande-annonce
21 juillet 2021 – De M. Night Shyamalan, avec Gael García Bernal, Vicky Krieps, Thomasin McKenzie