LAÏLA IN HAÏFA
Au cours d’une nuit, dans un club d’Haïfa où palestiniens et israéliens se côtoient, s’entrelacent les chemins de cinq femmes à travers une série de rencontres et de situations, défiant toutes les catégories et étiquettes sociales, politiques et sexuelles.
Critique du film
L’idée de la conception de Laila in Haïfa est née d’une soirée mémorable qu’Amos Gitaï avait passée au Club Fattoush. Celui-ci constitue un lieu symbolique puisqu’il a été créé en réaction à la décision de la ministre de la culture qui avait fait fermer le seul théâtre arabe de Haïfa. Amos Gitaï voulait développer une histoire sur un lieu où des personnages venus de milieux très différents cherchent à oublier leurs problèmes et se croisent malgré ces différences d’origines, d’idées et de professions.
Durant le film, on va suivre plus d’une dizaine de personnages dont cinq femmes. Des personnages qui s‘aiment ou se trompent, se mentent ou recherchent plus de vérité dans leur vie. Le Club où se déroule le vernissage d’une exposition de photos semble être un havre de paix, un lieu où les tensions et le jugement n’existent pas. Mais cet îlot de tranquillité n’est peut-être qu’illusoirement protégé de la rancœur, des tensions entre peuples ennemis et des déceptions que la vie nous réserve.
Kamal, le mari de Laila parle ainsi du fardeau de la vie. Dans ce refuge éphémère qu’est le Club, vont apparaître adultère, incommunicabilité, mensonges et ressentiment. Un ressentiment qui s’exprime par une violence latente, larvée mais prête à exploser. Ainsi Khawla s’en prend à Kamal parce qu’il est israélien et parce qu’il a de l’argent. Et parfois, on n’échappe pas à cette violence, comme dans la scène qui ouvre le film. Naama, la maîtresse de Gil, l’artiste venu exposer, n’aime pas ce qu’écrit son mari et se considère comme une esclave. Tous ces personnages, au cours de cette nuit se retrouvent face à leur vérité intérieure et à celle de leurs partenaires. Laila quant à elle a un mari plus âgé qu’elle qui semble vouloir avoir une véritable emprise sur elle. Et peut-être la méprise-t-il d’une certaine façon quand il lui apparaît qu’elle lui échappe.
A un moment surgit une belle scène humoristique de blind date entre une femme d‘âge mûr et un rappeur. Le ton du film n’est jamais au désespoir, malgré des constats parfois amers sur la situation de ces personnages, qu’elle soit amoureuse ou liée à un conflit qui n’en finit pas. Et il est question aussi de la condition de la femme dans une très belle scène.
Porté par d’excellents interprètes, la photographie d’Eric Gautier et la musique d’Alexey Kochetkov, Laila in Haïfa constitue un film choral à la très belle mise en scène, peuplé de personnages attachants malgré leurs failles, œuvre en demi-teinte qui distille un mélange d’amertume et de sérénité, d’espoir et d’inquiétude.
Bande-annonce
1er septembre 2021 – De Amos Gitaï, avec Maria Zreik, Khawla Ibraheem, Tsahi Halevi