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L’ÉTANG DU DÉMON

Province d’Echizen, été 1913. En route vers Kyoto, le professeur Yamasawa traverse un village frappé par la sécheresse, perdu au milieu des montagnes. À proximité se trouve l’étang du Démon, objet de superstitions de la part des habitants. En effet, si la cloche du village ne sonne pas quotidiennement, le dragon retenu au fond de l’eau serait libéré et provoquerait un déluge mortel. L’arrivée de Yamasawa chez Akira et Yuri, le couple chargé de faire respecter cette tradition immuable, va bientôt mettre en péril cet équilibre…

Critique du film

Inédit sur les écrans français, L’Etang du démon est l’adaptation d’une pièce de kabuki de Kyoka Izumi, écrivain du début du XXème siècle et auteur de nombreux ouvrages fantastiques par Masahiro Shinoda. On doit à Shinoda, un des réalisateurs majeurs de la Nouvelle Vague japonaise, plus de trente films réalisés entre 1960 et 2003, les plus connus étant Fleur pâle, Assassinat ou Double suicide à Amijima mais aussi Silence que Carlotta Films avait sorti en France en 2019. Avec L’Etang du démon, Masahiro Shinoda a réalisé un alliage réussi entre tradition et modernité

La tradition, qui est l’un des thèmes du film, se retrouve dans le choix de faire jouer les deux rôles féminins principaux par un seul acteur masculin – onnagata est le terme qui désigne cette pratique dans le kabuki. Tamasuro Bando, qui interprète donc Yuri mais aussi la Princesse Shirayuki fait partie des plus grands artistes de ce genre théâtral japonais. Et sa double prestation n’est pas le moindre attrait de ce film fantastique où il est question de vengeance, de malédiction et de dilemme entre devoir et amour.

Homme crabe et poisson chat

L’aspect plus moderne de cette œuvre vient du traitement cinématographique, qu’il s’agisse de choix de mise en scène ou de la musique composée par Isao Tomita, compositeur de musique électronique dont la partition, qui emprunte notamment le thème d’Une nuit sur le Mont Chauve de Moussorgsky et qui ajoute une tonalité inquiétante à cette histoire, traversée par des personnages aussi étranges qu’un homme crabe ou un homme poisson chat et qui offre des images féériques, irréelles ou oniriques.  

Visuellement magnifique – beauté des costumes, des maquillages – et remarquablement mis en scène et éclairé, L’Etang du démon offre également un dénouement spectaculaire et une grande poésie. Film plastiquement superbe, avec des thèmes forts comme l’amour fou, la superstition et le poids de la tradition L’Etang du démon ressortira le 22 septembre dans une version restaurée 4K, distribuée par Carlotta Films, après sa présentation à Cannes 2021 et à l’Etrange festival

Bande-annonce

22 septembre 2021De Masahiro Shinoda, avec Tamasaburo BandoGo Kato