still_Intouchables

INTOUCHABLES

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Bonne comédie

A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables.

Il y a peu, je débattais avec quelques amis à propos des comédies made in France. Mon argument : les cinéastes hexagonaux ne sortent qu’une bonne vraie comédie par décennie (1990’s : Le dîner de cons; 2000’s : Asterix mission Cléopâtre) et entre ces petits bonheurs bien trop rares se trouvent une flopée de navets franchouillards consternants, maniérés ou imbéciles – on a eu droit aux DanyBooneries, aux coups de cœur bobos récompensés aux Césars comme Le nom des gens, ça ne va pas s’arranger avec la sortie prochaine de l’immense film de Christian Clavier himself.

Pour mettre un peu d’eau dans mon vin dans ce débat, je concède alors que, parfois, accidentellement, une comédie française arrive à sauver l’honneur en déclenchant quelques rires et réussissant à me divertir l’espace d’une heure et demie sans te donner l’impression que tu viens de t’abrutir lamentablement durant 90 minutes. Le premier jour du reste de ta vie, Tanguy ou Les poupées russes en font partie. Nos jours heureux de Olivier Nakache et Eric Tolédano également. Ce long-métrage bon enfant se déroulant dans une colonie de vacances se démarquait de la masse grâce à un casting éclectique, à sa justesse de ton, à quelques répliques bien senties et à une touche de nostalgie bienvenue. Avant d’aller voir Intouchables de ce même tandem de réalisateurs, j’espère retrouver ce cinéma populaire – au sens noble du terme – et cette dose de tendresse qui imprégnait leurs précédents films.

Verdict une heure quarante plus tard : leur dernier film – en salles le 2 Novembre 2011 – a surpassé mes modestes attentes. S’appuyant sur un duo d’acteurs qui fonctionne à merveille, cette histoire d’amitié insolite a de grandes chances de rencontrer un légitime – à l’inverse des DanyBouseries – et conséquent succès en France d’ici la fin de l’année. Je lui souhaite en tout cas car il est très rare que je passe un aussi bon moment devant une comédie (française ou non), n’étant ni client du genre ni particulièrement convaincu par la majorité des productions du genre comme je l’ai évoqué auparavant.

Enfin (un plaisir n’arrivant pas seul) devant une salle conquise – à quelques exceptions près, n’est ce pas cher Neil ? – Omar Sy et les deux réalisateurs sont venus répondre aux questions des spectateurs avec modestie et dans la bonne humeur – contrairement à messieurs Dujardin et Hazanavicius la semaine dernière – et visiblement touchés par l’accueil enthousiaste réservé à leur film.

Intouchables est donc à mes yeux la comédie française de l’année, généreuse et humaine, mise en scène habilement et écrite avec une certaine irrévérence savoureuse évitant la plupart des clichés, esquivant tout misérabilisme ou message engagé (autre que promouvoir humblement la fraternité et la tendresse au delà des origines sociales et des générations). Portée par deux tandems inspirés et talentueux, le premier devant la caméra (F. Cluzet et O. Sy), le second derrière (O. Nakache et E. Tolédano), Intouchables ne sera peut-être pas la comédie française de la décennie, mais elle a de grandes chances d’être celle de l’année 2011.

O. NAKACHE & E. TOLEDANO | FRANCE | 112 MIN | 2 NOVEMBRE 2011 | FRANÇOIS CLUZET, OMAR SY



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Al Capitaine
13 années il y a

A voir tout simplement !…

Squizzz
13 années il y a

Cette semaine, j’ai assisté à deux avant-premières : « On ne choisit pas sa famille » de Clavier et « Intouchables » de Toledano et Nakache. Et force est de constater que je ne peux que rejoindre ton avis. Si les deux traitent d’un sujet sérieux via la comédie, l’un y va à coup de grosses blagues version 90’s, les autres avec un subtil humour qui ne va jamais dans l’excès mais juste dans la vanne communicative, généreuse, tendre, de celle qu’on se fait entre potes, et qui forcément nous touche. Comme quoi, quand elle est bien maîtrisée, la comédie est l’un des plus beaux moyens de faire passer un message.

Didy
13 années il y a

Ce film a apparemment de très très bonne critique… j’avoue qu’il me fait bien envie ^^

DooD
DooD
13 années il y a

Un film plein d’humanité, drôle et émouvant, et qui réussit à ne pas tomber dans les clichés. Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant rigolé !

el reno
el reno
12 années il y a

Surtout, un film où les personnes handicapées ne sont pas traitées avec une déférence mielleuse, teintée de mépris. Cluzet est, comme d’habitude, très bon. Omar Sy aussi. Le tandem de réalisateurs m’avait déjà enchanté avec « Nos jours heureux », et, un peu déçu avec « Tellement proches », qui part très fort avant de s’essouffler. Mais là, vraiment un très bon moment.

MlleJane
12 années il y a

Heureusement que j’arrive, parfois, à voir des films dans l’avion ! J’ai choisi celui-là sur mon dernier retour et je ne l’ai pas regretté (j’ai béni mon fils d’avoir bien voulu s’endormir si vite !). Comme j’ai ri ! Et puis, pour avoir vécu une histoire d’amitié intense avec une personne handicapée, ça m’a rappelé des souvenirs. Omar Sy m’a bluffée. Et j’adore Cluzet.

Val
Val
12 années il y a

Pour ma part, je n’ai pas aimé ce film. Il est beau dans son histoire, il montre qu’un handicapé est une personne comme un autre et qu’il faut pas le regarder autrement. Mais il manquait quelque chose, le regard réel des autres pour montrer ce que font réellement les gens. Et le après? Car est-ce que ça va réellement changer le regard des autres? Je ne crois pas mais une chose est sûr, c’est que le handicap fait perdre beaucoup de chose et la solitude est toujours présente. Le film montre bien cela au début car le personnage est seul et il rencontre une personne qui le rend normal.

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10 années il y a

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