OSLO
Les négociations, les amitiés et l’héroïsme d’un petit groupe d’Israéliens, de Palestiniens et d’un couple norvégien qui ont conduit aux accords de paix d’Oslo en 1993.
Critique du film
Basé sur une pièce de théâtre primée aux Tony Awards en 2017, Oslo est réalisé par Bartlett Sher, qui avait dirigé la mise en scène du spectacle. Par ailleurs, mise à part la distribution du film, l’équipe de création derrière l’adaptation cinématographique est la même que celle de la pièce. Né de conversations entre le réalisateur Bartlett Sher et le diplomate norvégien Terje Rod-Larsen, Oslo relate les dessous d’une négociation secrète que personne n’aurait cru possible, pas même ses principaux protagonistes. Orchestrée en terrain neutre à l’initiative du couple formé par Rod-Larsen (Andrew Scott) et Mona Juul (Ruth Wilson), la rencontre clandestine entre les représentants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israëlien était d’autant plus risquée qu’il était illégal pour les politiciens des deux camps d’interagir entre eux.
PAYS FROID POUR CONFLIT CHAUD
Les premières minutes du film annoncent une approche à l’influence hollywoodienne indéniable de l’affaire de l’affaire (le film compte, parmi ses producteurs, Steven Spielberg). En plongeant le spectateur au cœur d’un conflit a priori insoluble, puisque les parties ne peuvent au départ voir en l’ennemi rien d’humain, le récit trouve pourtant rapidement sa pertinence. La première rencontre entre représentants palestiniens et israéliens, qui ne s’étaient jamais vus d’aussi près par le passé, constitue le point d’ancrage dramatique du film. Néanmoins, le film ne prend que rarement avantage de la transposition à l’écran de la pièce de théâtre originelle. Alors qu’il aurait pu développer certains éléments, visuels notamment, Oslo se contente de jouer ses dialogues (par ailleurs percutants) en appliquant une mise en scène efficace mais sans relief. Les joutes oratoires suffisent malgré tout à maintenir l’intérêt d’un film, dont la fin est déjà connue de tous.
Oslo use régulièrement d’un comique de situation et de caractère, fondé sur les différences évidentes entre les deux parties et leur ignorance patente du camp adverse. S’il rend le film divertissant, l’humour – employé dans de telles proportions – dévitalise parfois le propos éminemment grave et déterminant d’Oslo et font passer les négociations diplomatiques pour de simples combats de coqs. Résultat : le film peine à donner de l’ampleur au conflit en cours et ses enjeux sont occultés au profit d’un bon mot. En apparence désinvolte, il ne s’autorise que peu de libertés avec le thème qu’il aborde. Surtout, aucune réelle analyse ne se dégage sur celui-ci, alors que trois décennies se sont écoulées depuis les événements en question.
Néanmoins, Oslo donne ce constat, humble et poignant, que la recherche de la paix dépend avant tout de la bonne volonté des hommes, qu’elle est aussi simple à obtenir qu’à défaire. L’espoir porté par la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin n’aura donc pas fait long feu, mais gageons qu’un jour d’autres dirigeants se prendront à rêver à nouveau.
Bande-annonce
12 septembre 2021 (OCS) – De Bartlett Sher, avec Ruth Wilson, Andrew Scott
Présenté au festival de Deauville 2021