EIFFEL
Critique du film
Pas vraiment un « biopic » et encore moins un documentaire, Eiffel raconte la légende derrière le mythe. Mêlant réalité historique, contexte politique et romance (probablement) fictive, le projet de Martin Bourboulon (Papa ou maman) raconte comment la construction du plus célèbre monument du monde a été lancée, les obstacles que son architecte a rencontré, et l’histoire d’amour impossible que ce dernier aurait vécue avec Adrienne Bourgès, jeune bordelaise qu’il rencontra à l’époque du chantier de La Passerelle St-Jean surplombant la Gironde.
Alternant flashbacks et temps présent (le projet de construction de la Tour dans la perspective de l’exposition universelle de 1889), Eiffel jongle entre les souvenirs tourmentés – qui exposent la naissance de leur amour et ses obstacles fatals – et les aléas du chantier de la prestigieuse Dame de Fer. On découvre Gustave Eiffel, âgé de 28 ans, tombant sous le charme de la jeune bourgeoise, tout juste majeure. Une grande histoire d’amour débute, et très vite les deux tourtereaux envisagent de s’unir. Mais la famille d’Adrienne ne voit pas forcément d’un bon oeil ce mariage, du fait de la condition alors plus modeste du jeune architecte.
Quoiqu’il en coûte
Des années 1860 à 1886-1889, Eiffel dévoile les dessous du chantier complexe et les virulentes oppositions auxquelles Gustave Eiffel a été confronté : banquiers frileux, hommes politiques sceptiques et habitants du quartier opposés à l’érection d’un tel bâtiment de fer – avec la nuisance qu’elle allait engendrer. Gustave refuse le projet de tour métallique proposée par ses ingénieurs. D’abord réticent, il finit par se lancer dans son projet fou qu’il entend bien mener à terme quoiqu’il en coûte, quitte à hypothéquer tous ses biens.
Présupposant que les chemins de Gustave et d’Adrienne se sont à nouveau croisés à partir de 1886, Eiffel mise sur la romance pour faire chavirer les âmes sentimentales, délaissant parfois un peu trop les enjeux politiques et économiques du chantier de la Tour au profit des moments intimes entre Romain Duris et Emma Mackey (Sex Education).
Après avoir fait ses preuves sur le registre de la comédie, Martin Bourboulon s’aventure dans le monde de la fresque spectaculaire et populaire, avec costumes d’époque et effets spéciaux. Mais, en privilégiant le pan narratif autour de l’amour contrarié du bâtisseur, forcément plus glamour qu’un simple film historique, son long-métrage manque un peu de souffle épique et de tension. Probablement plus taillé pour séduire le grand public à l’international – avec ses plans de Paris et son imagerie romantique – que pour susciter un enthousiasme absolu chez les cinéphiles plus exigeants de son propre territoire, Eiffel ne devrait pas faire l’unanimité. Tout un symbole.
Bande-annonce
13 octobre 2021 – De Martin Bourboulon
Avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps