LA BATAILLE DE L’ESCAUT
Critique du film
Second film le plus cher de l’histoire du cinéma néerlandais après Black Book de Paul Verhoeven sorti en 2006, La Bataille de l’Escaut ne cache pas à l’écran le niveau de ses ambitions. Film de guerre à grand spectacle, il veut se placer dans la lignée des dernière grandes réalisations du genre, de Dunkerque à 1917 en passant par Tu ne tueras point. S’il n’arrive pas tout à fait au niveau des films précités, il ne démérite cependant pas.
Le réalisateur Matthijs van Heijningen Jr. reprend les codes actuels du genre. Sa reconstitution d’une bataille décisive de la Seconde Guerre Mondiale qui a permis aux Alliés de reprendre le contrôle du port d’Anvers, se veut donc réaliste. Avec son chef opérateur Lennert Hillege, il opte pour une photographie (assez belle) mettant l’accent sur des tons sombres et des séquences sur le front en caméra à l’épaule, au plus près des soldats. La mise en scène, si elle ne révolutionne pas le genre, n’en est pas moins soignée et efficace.
Scénaristiquement parlant, le film est dans la même mouvance : classique mais bien mené. La tâche n’était pas si aisée, le film cherchant à englober la bataille sous tous les angles (soldats Alliés, soldats Allemands, Résistants) et divisant sa narration en trois axes au départ distincts mais qui fusionnent parfaitement dans la partie finale. La Bataille de l’Escaut tire par ailleurs une certaine plus-value dans le choix de ses protagonistes principaux, qui sont tous de jeunes gens sortant à peine de l’adolescence et qui se sont construits au cours des cinq années de conflits qui viennent de s’écouler. Chacun s’est forgé ses idéaux mais va devoir les confronter à la réalité lors de cette bataille qui va être leur véritable passage à l’âge adulte. Le film s’achève ainsi, à travers la rencontre de leurs différentes histoires personnelles, sur le véritable enjeu de cette jeunesse héritée de la guerre, celui de reconstruire, sur des cendres, un monde de paix.
Porté par un joli casting (dominé par Gijs Blom et son excellente interprétation quasi muette), une mise en scène de belle envergure et un scénario plutôt bien écrit, le premier film néerlandais de Netflix se place dans la moyenne haute des films de la plateforme et mérite bien qu’on lui consacre une soirée.
Bande-annonce
15 octobre 2021 (Netflix) – De Matthijs van Heijningen Jr. avec Gijs Blom, Jamie Flatters, Susan Radder