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BILAN | Nos coups de coeur du mois de janvier 2022

Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film préféré lors du bilan du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de janvier 2022.

Le choix de Thomas Périllon

Magnifié par la photographie de Claire Mathon et la prestation exceptionnelle de Kristen Stewart, Spencer de Pablo Larrain puise dans l’imagerie horrifique pour faire de ce conte moderne le récit d’oppression et d’émancipation d’une princesse séquestrée dans un manoir austère. Terrible frustration : le premier grand film de l’année devra être découvert sur petit écran en France, sur Prime.

Le choix de Florent Boutet

LITTLE PALESTINE : JOURNAL D’UN SIÈGE d’Abdallah Al-Khatib

Geste politique fort qui témoigne d’un drame atroce : le siège de Yarmouck au sein même de la capitale syrienne Damas. Ce tour de force incroyable d’Abdallah Al-Khatib est un document unique témoin de la souffrance et du courage de tout un peuple qu’on condamne à la mort en les affamant. Avec Little Palestine, l’auteur naît au cinéma par la plus belle des manières, impressionnant d’ingéniosité et de bravoure.

Le choix d’Elodie Martin

LA LEÇON D’ALLEMAND de Christian Schowchow

Première adaptation sur grand écran du best-seller de Siegfried Lenz, La leçon d’allemand de Christian Schowchow est un rare moment de cinéma. Splendides, les paysages du nord de l’Allemagne offrent un formidable écrin au message de désobéissance – volontairement dépouillé de toute symbolique ostentatoire nazie pour en renforcer l’actualité. Porté par les performances remarquables du grand Ulrich Noethen et de la révélation Levy Einsenblätter, cette leçon de liberté des paroles et des esprits réussi le mariage parfait entre émotion et intelligence.

Le choix de François-Xavier Thuaud

VITALINA VARELA de Pedro Costa

À peine janvier passé et l’on se dit que l’on ne verra peut-être rien de plus beau dans une salle de cinéma cette année. Avec ses manières de sépulcre païen, le film substitue à la spiritualité perdue, une aura d’ange déchu. Pedro Costa se situe entre l’art pictural et le Kintsugi – l’art japonais de recoller les céramiques cassées à la poudre d’or – pour donner à Vitalina la beauté fêlée d’un portrait de Géricault. A travers elle, Costa rend hommages à tous les déplacés, les réprouvés. Il chemine à leur côté pour leur restituer une dignité bafouée. Sublime.

Le choix de Fabien Randanne

Spencer

SPENCER de Pablo Larrain

Spencer est « une fable tirée d’une vraie tragédie », dixit le générique. 72 h de la vie d’une femme, Diana, la « princesse des cœurs » piégée au milieu de la famille royale, de son protocole et du contrôle permanent. Un faux conte de fée parfois filmé comme un cauchemar ouaté. Kristen Stewart est un excellent choix de casting pour le rôle titre. Son statut d’icône, sa rébellion face à une carrière tracée d’avance fait écho (certes, avec une bien moindre dimension tragique) avec le personnage de Lady Di.

Le choix d’Antoine Rousseau

Nightmare Alley

NIGHTMARE ALLEY de Guillermo Del Toro

Après le triomphe critique et public de La forme de l’eau, Guillermo Del Torro poursuit son exploration et sa réinterprétation d’un certain cinéma classique américain. Nightmare Alley revisite donc les codes du film noir tout en les tordant minutieusement pour livrer une fable passionnante et d’une grande beauté formelle sur la monstruosité. Avec la maestria filmique qu’on lui connaît, le réalisateur mexicain parvient à trouver un remarquable équilibre entre hommage cinéphile généreux et regard moderne sur un récit dont chacun connaît les tenants et aboutissants. Le tout servi par de splendides interprétations au sommet desquelles trônent les impériaux Bradley Cooper et Cate Blanchett.

Le choix de Victor Van de Kadsye

LICORICE PIZZA de Paul Thomas Anderson

Le mois de Janvier avait à peine commencé que Paul Thomas Anderson nous a livré le film le plus funky de l’année. Chronique amoureuse bercée par les complexes et les désillusions avec deux magnifiques révélations, Alana Haïm et Cooper Hoffman, Licorice Pizza est une oeuvre aussi hilarante que poignante sur une jeunesse qui emmène le spectateur vers des fuites inattendues.

Le choix de Pierre Nicolas

SPENCER de Pablo Larrain

Sous ses allures de fable d’une noire féérie, Pablo Larraín fait de Spencer le récit de trois jours cauchemardesques d’une princesse emprisonnée dans son donjon, sous l’écrin toujours aussi élégant de Claire Mathon. Comme Jackie ou Neruda, les biopic stridents Larraín figurent la lutte de mythes et de corps face au cours inéluctable de l’Histoire.

Le choix d’Eric Fontaine

Nightmare alley

NIGHTMARE ALLEY de Guillermo Del Toro

Formellement très réussi et bénéficiant d’un casting cinq étoiles, Nightmare Alley, en plus d’être un magnifique film noir dans la pure tradition hollywoodienne des années 40, reste fidèle à l’univers de Guillermo Del Toro. Son dernier film évoque autant Freaks que les polars qui ont marqué son parcours cinéphile. Un diamant noir qui nous parle de monstruosité, d’arrivisme et de malédiction. Une vision de l’humanité aussi sombre que le film est visuellement somptueux. 

Le choix de Jean-Christophe Manuceau

Licorice Pizza

LICORICE PIZZA de Paul Thomas Anderson

Mettant un moment de côté les grandes fresques complexes dont il s’était fait le spécialiste, Paul Thomas Anderson renoue avec une veine plus légère et drôle dans son dernier et charmant Licorice Pizza, une histoire d’amour qui avance masquée. Ou comment deux jeunes adultes cherchent à nouer une relation tout en se construisant eux-mêmes. Sans faire de grande leçon, Anderson en dit long sur la Californie, Hollywood, et les premiers émois. À ne pas rater.

Le choix de Samuel Regnard

Nightmare alley

NIGHTMARE ALLEY de Guillermo Del Toro

Contre toute attente, malgré une promotion chaotique et un mauvais sens du timing (sortie très discrète), le nouveau film du post-oscarisé de La forme de l’eau est un pur moment de cinéma, toujours captivant. Mise en scène audacieuse, esthétisme à tomber… Nightmare Alley est sans doute le meilleur film noir de ces dernières années.

Le choix de Grégory Perez

Licorice Pizza

Paul Thomas Anderson signe un film aussi touchant que chaleureux avec cette histoire d’amour entre deux jeunes californiens dans les années 70. Après The Master et Phantom Thread, le cinéaste confirme encore un peu plus la maîtrise de son art, avec un style d’une assurance désarmante dont l’épure confine au génie. Porté par une bande originale envoûtante, Licorice Pizza constitue une parenthèse délicieuse dans une réalité qui ne l’est pas toujours autant. Le grand film de ce début d’année !