UNCHARTED
Nathan Drake, voleur astucieux et intrépide, est recruté par le chasseur de trésors chevronné Victor « Sully » Sullivan pour retrouver la fortune de Ferdinand Magellan, disparue il y a 500 ans. Ce qui ressemble d’abord à un simple casse devient finalement une course effrénée autour du globe pour s’emparer du trésor avant l’impitoyable Moncada, qui est persuadé que sa famille est l’héritière légitime de cette fortune. Si Nathan et Sully réussissent à déchiffrer les indices et résoudre l’un des plus anciens mystères du monde, ils pourraient rafler la somme de 5 milliards de dollars et peut-être même retrouver le frère de Nathan, disparu depuis longtemps… mais encore faudrait-il qu’ils apprennent à travailler ensemble.
CRITIQUE DU FILM
Film d’aventures à grand spectacle, à gros budget et avec des acteurs en vue, Uncharted tombe à pic – sur le papier – pour faire revenir le public en masse dans les salles en période, tout le monde l’espère, post-pandémique.
Première adaptation en live action (après une tentative de fans sous forme de court-métrage en 2018) de la populaire série de jeux vidéo édités par Sony et produits par le studio Naughty Dog entre 2007 et 2017, Uncharted répond tout d’abord à un fort désir du public de retrouver sur grand écran l’ambiance et les personnages de ces jeux ayant rencontré un grand succès. Pour le studio, qui a cartonné ces derniers mois avec le dernier Spider-Man, adapter au cinéma des jeux vidéo ayant squatté les Playstation du monde entier pendant des années semble être un pari peu risqué, même si les prédécesseurs dans le domaine n’ont brillé ni par leur qualité ni par leur originalité.
Uncharted s’ouvre sur une impressionnante scène d’action dans les airs dans laquelle le personnage principal, Nathan Drake (Tom Holland), saute de caisse en caisse alors que celles-ci sont attachées à un avion. D’emblée, on se sent comme immergé dans un jeu vidéo. L’intrigue se noue ensuite autour d’une chasse au trésor qui le voit faire équipe avec Victor Sullivan (Mark Wahlberg), un personnage plutôt trouble qui semble l’utiliser pour ses propres besoins. Deux personnages féminins viennent équilibrer cet équipage masculin : Sophia Ali joue une aventurière qui ne fait confiance à personne, et Tati Gabrielle campe la méchante du lot, acoquinée à l’impitoyable Moncada (Antonio Banderas).
Le film contient tous les éléments attachés à l’imaginaire des films d’aventures : la carte au trésor, l’or caché depuis des centaines d’années que personne n’a réussi à trouver, le passage secret et sous-marin, les bateaux pirates, les caves et les couloirs pleins de toiles d’araignées, les clés ouvrant des portes mécaniques… Dans ce corpus (trop) familier, les auteurs tentent de greffer des éléments plus contemporains, d’où les scènes de poursuites en avion, hélicoptères et autres hors-bords, des cascades à la Mission: Impossible, mais aussi des références à la pop culture et un humour régressif.
Tentant de « faire cinéma » en s’éloignant d’un simple empilement de scènes d’action plus ou moins réussies, le réalisateur Ruben Fleischer (Venom, Zombieland) et ses scénaristes essayent d’étoffer les personnages à force d’analepse, de scènes explicatives et autres contextualisations, sans toutefois parvenir à leurs objectifs, le scénario étant constamment prévisible. On a beau chercher, on ne trouve aucune épaisseur à ces personnages, aucune raison de s’émouvoir de leur destin ou simplement de s’intéresser à leurs actions. Si les acteurs, en dehors des nombreuses cascades, n’ont pas grand-chose à exprimer, on doit reconnaître qu’ils donnent souvent l’impression d’en faire des tonnes dans un registre qui ne demande pas, certes, la plus grande subtilité, mais qui pourtant pourrait bénéficier d’une plus forte implication. Une carence visible dans le jeu de Banderas et Wahlberg qui, à force de haussements de sourcils et regards en dessous, finissent par se ridiculiser.
Esbroufe
Quant à Ruben Fleischer (à ne pas confondre avec le grand auteur de Soleil vert, Richard Fleischer, disparu en 2006), sa réalisation sans saveur et à l’esbroufe est plutôt celle d’un bon technicien que d’un véritable artiste. Non pas que ce type de projet nécessite forcément les services d’un visionnaire, mais une mise en images plus inspirée aurait pu tirer le film vers le haut. Ici, l’omniprésence des images de synthèse débouche sur une imagerie laide et sans intérêt. En tentant le grand mix entre James Bond, Indiana Jones, Jason Bourne, et Les Goonies, Uncharted tombe à plat. Ce qui n’empêche pas les producteurs, optimistes, de choisir une fin non-résolue, ouvrant la voie à une suite, voire encore mieux à une hypothétique franchise, Saint Graal de tous les producteurs dans une époque dominée par Marvel.
Si Les Aventuriers de l’arche perdue (1981) avait su à son époque apporter un nouveau souffle au récit d’aventures, en puisant notamment dans l’univers des serials des années 1920, Uncharted ne va pas renouveler le genre. Opération commerciale avant tout, il ne fait pas mentir la règle selon laquelle un bon jeu vidéo ne fait pas un bon film. D’autant que l’esthétique de ces jeux a depuis longtemps phagocyté le langage cinématographique, parfois pour le meilleur (Tron, Ready Player One, Elephant), souvent pour le pire (1917, Edge of Tomorrow, Inception).
Bande-annonce
16 février 2022 – De Ruben Fleischer, avec Tom Holland, Mark Wahlberg, Sophia Taylor Ali