BILAN | Nos coups de coeur du mois d’avril 2022
Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film préféré lors du bilan du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de avril 2022.
Le choix de Thomas Périllon
Que de jolies découvertes en ce mois d’avril. Du témoignage très romancé d’une époque révolue dans le Apollo 10½ de Richard Linklater à la vibrante reconstitution de parcours familial (Et j’aime à la fureur) en passant par l’hommage à la résilience et à la combativité des femmes – et des peuples – pour leurs libertés (Ma famille afghane), ce premier mois du printemps a offert de beaux regards sur le monde contemporain, passé et présent. Que dire du nouveau chaque geste cinématographique de Ryusuke Hamaguchi, énième ravissement d’une filmographie déjà riche et passionnante ? Son verbe, sa narration, sa fantaisie et sa poésie en sont des ingrédients dont on ne se lasse pas. Avec Contes du hasard, il offre une variation rohmerienne d’une délicatesse et d’une finesse vertigineuses.
Le choix de Florent Boutet
Deuxième long-métrage du co-réalisateur de C’est arrivé près de chez vous, c’est aussi un chant amoureux du cinéma assemblé par le collage de vieux bouts de films, qu’ils soient familiaux, auto biographique, ou des chutes inconnues. Cette déclaration d’amour est aussi carnet intime, de l’aïeul ami des Lumières qui filma dès les premiers jours du XXème siècle, à Bonzel lui-même qui se raconte par l’image sur la sublime bande-son de Benjamin Biolay. Documentaire élégiaque sur d’anonymes faiseurs d’images aussi beaux qu’intrigants.
Le choix d’Antoine Rousseau
Difficile de résister à la grâce instantanée qui émane des Contes du Hasard et autres fantaisies tant celle-ci résonne comme une évidence. À travers trois histoires indépendantes, le très prolifique Ryūsuke Hamaguchi s’amuse à filmer les jeux de l’amour et du hasard dans un Japon contemporain et signe ainsi le portrait insaisissable de 3 femmes face à leur choix et leur désir. Le réalisateur fraîchement oscarisé pour Drive my car prouve une nouvelle fois son immense talent de dialoguiste pour sonder les tourments intérieurs de personnages complexes. Cet amour du verbe, conjugué à une mise en scène faussement simple d’une remarquable fluidité et une lumière mordorée onctueuse, achève de donner à ces 3 récits intimistes la dimension universelle qui parvient, l’air de rien, à toucher son spectateur en plein cœur. Puissant !
Le choix de François-Xavier Thuaud
Trente ans après C’est arrivé près de chez vous, André Bonzel revient au cinéma en solo avec cet étrange puzzle émotionnel au charme fou. Construit à partir d’archives, pour la plupart familiales, ce film dessine tout à la fois un autoportrait du cinéaste, une lignée de cameramen (a)mateurs et une contre histoire du cinéma, intime et profondément touchante, y compris dans ses maladresses. Bonzel, comme Frank Beauvais avant lui (Ne croyez surtout pas que je hurle, 2019) chérit le cinéma de manière obsessionnelle, espérant voir ses névroses se fracasser sur les écrans où d’autres vies que la sienne font de l’oeil à la caméra. Véritable béquille à la narration, la bande originale navigue entre hommage au muet et doux lyrisme. Elle est signée Benjamin Biolay.
Le choix d’Eric Fontaine
Voulant retrouver son père, disparu subitement sans laisser de traces, la jeune Chiara va découvrir de très dérangeantes vérités sur sa famille et se retrouver confrontée à de douloureux choix de vie qui auront une influence déterminante sur son avenir, son destin. Swamy Rotolo, qui interprète la jeune héroïne du film A Chiara, constitue une véritable révélation, comme le furent en leur temps des actrices d’exception comme Sandrine Bonnaire ou Hafsia Herzi. Une future grande assurément dont le jeu naturel et intense sert magnifiquement une œuvre à la fois lumineuse et douloureuse.
Le choix de Victor Van de Kadsye
Le choix de Jean-Christophe Manuceau
Malgré une réalisation assez classique, La Ruse emporte en ces temps de vaches maigres cinématographiques pré-cannoises par tout d’abord son récit passionnant, une interprétation à la hauteur des enjeux, et sa réflexion sur l’inventivité en temps de guerre pour sauver des vies.
Le choix d’Emilien Peillon
Ryusuke Hamaguchi nous avait jusqu’ici habitués à de longs films fleuves, vissés au temps quotidien de ses personnages et parcourus par un mystère rivettien qui les rendaient fascinants de bout en bout. Il prouve ici dans cette suite de trois contes très égale – qualité rare – que le « temps juste » qui caractérise son cinéma n’est pas une simple affaire de longueur de séquence mais de montage, de caché et de montré, et de travail avec les interprètes : tout s’arrête à la virgule près, ou bien tout continue dans un souffle.Bien que les trois segments restent indépendants, ils sont à prendre comme un petit voyage intérieur, qui va d’abord réveiller les sentiments en douceur, briser le cœur ensuite, puis vient finalement panser les plaies profondes. Les trois contes créent régulièrement la surprise par leur capacités à aller plus loin, à être plus sérieux, plus émotionnellement chargés que ce que les situations laissaient présager au premier regard. Tout se passe comme si le récit franchissait étape par étape les sphères de l’intime jusqu’à se rendre au fond des choses. La mise en récit reste d’ailleurs un curieux moteur du film : les personnages n’ont de cesse de se racontent des choses, de se les lire, de se les jouer, et il y a dans cette simple évocation des rapports à l’autre quelque chose de profondément salutaire.
Le choix de Samuel Regnard
Le choix de Malo Morcel
Le cinéaste japonais dont le précédent long métrage Drive my car s’est vu décerné le prix du scénario à Cannes l’année dernière, revient pour un tour de force empli de poésie et de légèreté. Beaucoup le comparent à Éric Rohmer et c’est surtout et majoritairement dans l’écriture de ses trois contes que sa plume empreinte de virtuose s’exerce une nouvelle fois. Contes du hasard et autres fantaisies délivre trois récits d’amour, de tendresse, d’interrogations et d’humanité mettant en scène des protagonistes qui oscillent entre réalisme et onirisme pur. Encore une fois, Ryusuke Hamaguchi prouve qu’il maîtrise d’une main de maitre la mise en scène qui se révèle à la fois être léchée, claire et précise. Bref un petit bijou de cinéma.