PROMISED LAND
GUS VAN SANT | DRAMA ECOLO | USA | 106 MIN | 17 AVRIL 2013 | MATT DAMON, FRANCES McDORMAND
STEVE BUTLER, REPRÉSENTANT D’UN GRAND GROUPE ÉNERGÉTIQUE, SE REND AVEC SUE THOMASON DANS UNE PETITE VILLE DE CAMPAGNE. LES DEUX COLLÈGUES SONT CONVAINCUS QU’À CAUSE DE LA CRISE ÉCONOMIQUE QUI SÉVIT, LES HABITANTS NE POURRONT PAS REFUSER LEUR LUCRATIVE PROPOSITION DE FORER LEURS TERRES POUR EXPLOITER LES RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES QU’ELLES RENFERMENT. CE QUI S’ANNONÇAIT COMME UN JEU D’ENFANT VA POURTANT SE COMPLIQUER LORSQU’UN ENSEIGNANT RESPECTÉ CRITIQUE LE PROJET, SOUTENU PAR UN ACTIVISTE ÉCOLOGISTE QUI AFFRONTE STEVE AUSSI BIEN SUR LE PLAN PROFESSIONNEL QUE PERSONNEL… Gus Van Sant est un cinéaste qui (me) divise depuis plus d’une décennie. Capable de superbes et marquants longs-métrages tels que Good Will Hunting ou Harvey Milk, celui-ci s’est trop longtemps enfermé dans son cycle pseudo-contemplatif exaspérant sur les tracas de l’adolescence. Récompensé par une Palme d’or injustifié pour le très surestimé Elephant, celui-ci a continué à se la jouer étudiant en arts du spectacle avec Last Days ou (le pire) Paranoïd Park. Heureusement, celui-ci est revenu aux affaires sérieuses et s’est remis au travail en réalisant l’important et très réussi Harvey Milk, drama nécessaire et abouti, avant de retomber dans ses travers avec l’insipide Restless.
Gus Van Sant n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il s’empare de véritables sujets pour véritablement faire du cinéma – plutôt que de s’endormir dans de l’expérimental sans intérêt. Avec Promised Land, celui-ci signe un long-métrage engagé et pédagogique, avec l’aide de son comparse Matt Damon (accompagné de John Krasinski) à la plume. Alors bien sûr, la réalisation de Promised Land est effectivement très formelle et son déroulement plutôt classique. Mais le message (dénonciateur) passe et interpelle, ce qui est bien là l’essentiel du propos. Le film n’en est pas moins divertissant puisqu’on ne voit pas passer la centaine de minutes que dure celui-ci. Gus Van Sant a le mérite d’attirer l’attention avec clarté et éloquence sur l’exploitation du gaz du schiste et les risques liés à celle-ci, bien trop souvent ignorés du grand public ou tournés en dérision par le lobbying. Promised Land est un film modérément engagé mais assurément efficace et pertinent, qui ne cherche pas à trop en faire ou dire, livrant un état des lieux calme (et pourtant bien triste) tout en questionnant chacun d’entre nous sur ce qu’il est prêt à accepter par soumission ou résignation. Mission accomplie.
On est au moins d’accord sur une chose, GVS est aussi un cinéaste qui me divise. Par contre autant je suis fasciné par « Elephant », « Paranoïd Park » et « Restless », autant j’ai été déçu par « Harvey Milk » et ce « Promised Land ». Le premier parce qu’à part son sujet, c’était un biopic bien peu original et assez ennuyeux. Et celui-ci, s’il est plutôt réussi sur la forme (très belle direction d’acteurs, mise en scène sensible), pèche par son scénario qui manque de finesse surtout dans cette fin qui en fait beaucoup trop. Et l’excès de candeur du personnage de Matt Damon le rend bien peu crédible.
C’est vrai ce que tu dis à propos du personnage de Matt Damon. Je pense que c’est ce qui pêche le plus dans ce film et n’emporte pas l’adhésion totale du spectateur.
En effet, nous aimons chacun un GVS différent ^^
Comme tu le sais, Gus Van Sant ne me divise pas, tout simplement parce qu’il adapte toujours la forme de ses films à leur sujet. Ainsi Paranoid park est une adaptation exceptionnelle, par le biais d’un travail narratif infiniment sensitif. Restless est d’une douceur incroyable, Harvey Milk un formidable biopic, et Promised land un film profond et humaniste. Gus Van Sant cherche toujours, travaille, ne la ramène pas. Ce n’est pas un cinéaste tape à l’œil. C’est là l’une de ses nombreuses qualités.