FLEE
L’histoire vraie d’Amin, un Afghan qui a dû fuir son pays à la fin des années 80 alors qu’il n’était qu’un enfant. Trente ans plus tard, désormais universitaire au Danemark, il va confier à son meilleur ami la véritable histoire de son voyage et de son combat pour la liberté.
Critique du film
Un documentaire en forme de thérapie. Jonas Poher Rasmussen, le réalisateur fait s’allonger “Amin” – c’est un pseudo pour le protéger – sur un canapé. Amin ferme les yeux et commence à parler. Il est universitaire au Danemark, mais il a fui l’Afghanistan il y a vingt ans. Il a grandi aux côtés de Jonas Poher Rasmussen. Ce dernier n’est pas tout à fait dans la posture du documentariste, plutôt celle de l’ami qui veut raconter une histoire qui le touche.
Voici les prémices de Flee : des enregistrements audio mi-discussion, mi-psychanalyse entre le réalisateur et Amin. Plus qu’à les animer. L’objet hybride ainsi formé était nommé aux Oscar à la fois dans la catégorie meilleur documentaire et la catégorie meilleur film d’animation… et n’en remporte aucun. Peut-être parce que l’animation reste très classique. Le film manque d’une identité propre, mis à part lors des rares phases de dissociation d’Amin où le style change pour signifier le trauma. Les images de Flee résonnent avec les récents Parvana et Les Hirondelles de Kaboul ; le style d’animation comme le thème sont proches, la structure du récit également.
On commence par Kaboul avant les Talibans, coloré par des éléments de culture occidentale. Ici, c’est surtout Jean-Claude Van Damme qui fascine le protagoniste. Mais aussi Take on me de A-ha : l’un des moments les plus originaux du film consiste en une ré-interprétation des dessins du clip de l’époque, habillé par des images d’archives en prises de vues réelles. Petit à petit, l’horreur s’installe : le père d’Amin est arrêté, comme celui de Parvana.
Le récit devient exactement ce à quoi l’on s’attend. En un peu mieux. Celui d’une fuite, à la première personne. Des bribes du réel d’Amin pour raconter et avertir, sur le modèle de Pour Sama. Ce qui reste vertigineux, universel, c’est que derrière chaque réfugié – Amin évoque ceux qu’il a croisés sur sa route – il y a forcément un drame personnel. Sans faire de hiérarchie toutefois : l’histoire d’Amin a beaucoup d’aspérités, c’est un fait. Il a réussi à refaire sa vie au Danemark. Mais tous les drames se valent. Amin a fui il y a vingt ans mais l’actualité vient de rattraper sa réalité.
Bande-annonce
31 août 2022 – – De Jonas Poher Rasmussen
Diffusé le 30 mai 2022 sur ARTE